Pleurer, je ne peux que pleurer.
Je regarde la neige partout autour, c'est beau. Assis contre cet arbre, je pense à toute cette neige qui dansait dans les airs cet après midi, à tous ces flocons. Ils sont tous là, autour de moi, ils couvrent la terre. Tout est blanc jusqu'à l'horizon. Moi j'ai froid, et je tremble dans cette neige délicieuse.
Le manteau blanc illumine la forêt oubliée, je marche au milieu des arbres cristalisés. Tout semble recouvert de magie, la magie a pris ce lieu, elle ne le rendra pas aux hommes.
Je marche lentement, là bas, le petit lac est gelé, on y voit comme dans un miroire. Je le regarde avec envie, j'aime m'amuser sur ce sol glissant, seulement, la cglace n'est pas assez épaisse. Je me regarde un moment dans l'eau gelée, je hoche la tête, je ne changerai jamais, mes traits semblent figés pour l'éternité.
Je passe par les champs pleins de givres, c'est magnifique, et il n'y a personne. Personne n'ose sortir par ce froid. Ils perdent un si beau spectacle, les hommes oublient trop vite ce qui est beau. Pas moi, je n'oublirai jamais qu'il y a là bas dans cette grotte, qu'il y a ce couple glacé. Ce couple endormi dans la neige pour l'éternité. Ce couple dont l'été oublie de faire fondre le cercueil.
Non, je ne pourrais jamais les oublier mes deux endormis au fin fond de la forêt. Ils me servent de parents, d'amis, ce sont ceux dont je fleuris la tombe.
Et je marche à travers les champs, je vois les toits du village aux reflets bleutés, et la fumée qui monte, ces longues colonnes grises qui tournent dans les airs.
Le ciel est sombre, le silence règne, bientôt, je serai dans mon fauteuil près du feu.