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Fin du monde
Ecrits d'un ange

A ce moment là, j'aurai détruit le monde une fois de plus si j'avais pu, mais je ne pouvais pas. Je l'avais fait une fois, et maintenant, c'était fini. Mon monde s'écroulait, et je ne pouvais pas le détruire, ce qui m'aurait évité la souffrance, cette chose immonde, mais pas assez insupportable pour cesser la vie. Cette douleur rentrait en moi, froide et lente, élargissant la plaie tout en l'approfondissant. J'étais l'un des anciens tous puissants, l'un des séraphins commandeurs. De ceux qui décident une fois d'une fin du monde avant d'être remplacés. J'avais mal choisi, car il ne me restait rien, ni cette vie qu'on m'avait offerte après, ni ces souvenirs archaïques et merveilleux du Ciel, ni rien.
Le monde que j'avais créé était raté, un brouillon, un brouillon qui n'aurait pas d'avenir, car son créateur allait mourir.
Le séraphin commandeur Bénigne le troisième allait mourir, et on oublierait. A seulement 200 ans, soit 20 pour les pauvres hommes, j'allais mourir. Je n'avais pas peur, j'étais déjà mort, mais ça n'était pas pareil. J'avais été un des plus pur innocent, mais une fin du monde, c'est beaucoup de sang sur les mains, c'est une place aux Enfers.
Je savais qu'Il, là haut, un autre séraphin commandeur, avait décidé d'une fin du monde. Je le sentais, il y avait cet orage, ce ciel pourpre zébré d'or, ce vent froid et musical, cette pluie amère qui s'abandonne sur le sol. C'était ça la fin du monde. C'était juste ça, on ne savait pas, on pensait que c'était juste une tempête, mais non, c'était la fin du monde. Je serai mort deux fois, deux fois au même âge, deux fois vierge.
Un éclair d'or est apparu, j'ai eu peur, j'ai mis ma tête entre mes mains. Et quand je l'ai relevée, mon visage n'étais plus d'ivoire, il était de rubis. Le sang vermeil des victimes coulait de mes mains. C'était la fin, j'avais peur, si peur, Je voulais accélérer la destruction, mais j'étais là, impuissant et humain, je n'étais plus des créatures célestes qu'on décrit si belles et légères. J'étais un jeune-homme à l'air angélique à la merci d'un archange, d'un être divin.
Enfin, le sang coulait de partout, et l'orage grondait plus fort. Dans quelques secondes, ce monde aurait disparu sous les zébrures du ciel.

Bénigne 22/06/04
Prose de myel, le Jeudi 12 Août 2004, 15:45 dans la rubrique "Jahe".