Dans le reflet, je ne vois que ma peau, livide, je suis blanche comme un marbre. Et mon oeil droit, qui semble noir, pourtant, je n'ai pas les yeux sombres.
Pourtant, si les yeux reflètent l'âme, les miens ne sont pas exacts. Ils devraient être verts, mais sombres, sombres à en crever. Seulement, ils sont un peu pâles, comme ma peau, ils ont oubliés de s'humaniser, ils ont oubliés que je n'étais pas une statue. Je ne suis pas grand chose, mais je pensais être au moins.
Je regarde toute cette eau, dans cette rivière de larme, j'en ai laissées moi. Elles sont mêlées aux autres mais elles sont plus acides, chaque larme a son propre goût, le goût du caractère de celui qui pleure. Toute cette eau claire qu'on aurait envie de boire n'est que mensonge. Je sens ma gorge se serrer en m'y voyant, je ne suis qu'une illusion qui a oubliée de devenir humaine.
Pauvres enfants, radeaux devenant trois-mâts, je m'amuse de vous voir grandir. Quelle folie, si seulement vous saviez.
Pauvres amis, si seulement j'avais pu vous garder près de moi, si seulement je savais dire je t'aime, ces deux mots qui font si mal, mais qui font tant de bien. Je suis égoïste, mais j'ai peur sans vous, vous êtes les seuls que j'ai jamais aimé autant. Mais je suis une idiote, je ne sais pas parler, je suis enfermée dans une bulle toute ronde, toute lisse, qui semble si fragile mais est si dûre.
L'eau pleut sur mon visage, toutes les larmes viennent tomber ici, apportées par d'immenses nuages noirs, colonnes grises qui soutiennent la voute céleste.
Je ne suis pas l'espoir, je ne suis pas le mal, je ne suis qu'une pleureuse réincarnée dans un corps de statues. Je suis une enfant pâle et malade du monde, mais qui essaie d'avoir confiance, et c'est si dur. Mais je ne lâcherai pas, pas avant que tout ne se soit définitivement éffondré. Ici, il n'ya que des ruines de civilisations mystiques, mais là bas, il y a peut-être un autre enfant qui rêve encore, et lui, je veux l'aider.
Peter-pan est mort, il faut garder son souvenir pour qu'il vive en nous. Mes yeux noirs on ne les voit que dans ces eaux claires et menteuses.
Dans le reflet, je ne vois que ma peau, livide, je suis blanche comme un marbre. Et mon oeil droit, qui semble noir, pourtant, je n'ai pas les yeux sombres.