Pour pakora qui me l'a réclamé, si ça lui convient. -----

"J'ai en ce moment une immense nostalgie de quelque chose que je n'ai jamais connu et que je ne peux qualifier,nostalgie qui s'accompagne d'une énorme lassitude de cette époque qui ne me semble pas la mienne" (E.C.)

Epoque sans but, époque de destruction. Enfant seul dans le village de terre, regarde le ciel, immensité vide et fascinante. Le souffle des dormeurs dans les cases le bercent, Il rêve du conte du vieux M'boko, et il sourit au ciel. Il sera aussi un grand héro un jour, lui le petit garçon du petit village. Il essaie d'oublier sa faim, pourtant son ventre le torture, il a si faim qu'il en a le hocquet. Mais il y a le ciel, il peut regarder le ciel et essayer de d'oublier tout ce monde, de s'envoler. Au loin, il y a du bruit, et tout près, le ronflement de la dernière vache, maigre à crever, elle tient à peine sur ses pattes de vieille folle anémique. Il chantonne avec le vent, et se demande où est son père? Pourquoi est-ce qu'il ne l'a jamais vu? Pourquoi il n'y a presque que des femmes, pourquoi sa mère est comme une grande fille? Puis il entend un bruit étrange, des grondements sourds. Effrayé, il rentre dans la case et se colle contre la peau noire et chaude de sa mère. Il a peur de ce bruit là, puis un bruit fort et rouge, puis des tirs, des coups violents, sa mère se lève en précipitation, et le traine par la main, se cache dans un coin sombre. L'enfant entend des cris partout dans le village de terre, il regarde sa mère inquiète, il a tant de questions à poser. Puis elle crie, un homme entre et la colle contre un mur. Lui ne comprend pas tout, il voit des larmes rouler sur les joues de celle qu'il aime, et des hommes autour, et des râles partout autour. Tapi dans un coin il voit tout, et pleure, il ne comprend pas, pourquoi? Qu'est-ce qu'il se passe? Puis un coup de cette arme étrange sa mère tombe, innanimée. Ils partent, et tout brûle. L'enfant sort de la case et regarde autour de lui. Plus rien, tout brûle, et le silence s'installe. Au milieu de ce rien incompréhensible, l'enfant pleure, il reste seul au milieu de ces décombres de sa vie, seul vivant. Et pourquoi tout ça, il n'a rien compris. Reste les siens qui braillent dans les maisons en flammes, et lui qui a faim dans cet endroit hostile. Et la vache, partie. Que manger? Les autres quand le feu aura cessé et qu'ils seront cuits, il n'y a que ça, plus que ça...