La petite reine des flots, joli nom, un peu étrange. La jeune fille regarde la pluie tomber sur son corps nu, assise dans la boue, sous la pluie brûlante qui innonde l'île. Ses bras enlacent ses jambes et sa tête est posée sur ses genoux. Coincée entre deux arbres, elle sent l'eau dégouliner sur son dos brun. Elle écoute la musique de la pluie, captibée, elle se tait, pas un animal ne bouge, seule la pluie chante doucement entre les grands arbres noirs.
Alaïyarasi, chante la pluie, et la fille écoute. Elle allonge ses jambes dans la boue, jolies, douces, elles seront argentées tout à l'heure si elle reste là. Pourquoi bougerait-elle? Elle est si bien, l'eau l'aime et elle aime l'eau. Toutes les perles de la mère céleste tombent sur la princesse tamoule. Elle met alors son front sur ses genoux, et regarde le sol mouillé entre ses jambes. Elle s'endormirait presque, bercée par le chant de sa mère, le ciel.
Père terre, mère ciel, frère feu, elle est l'enfant eau. Alaïyarasi, reine des flots, elle rêve de ce nom qui est le sien, elle le répète dans son esprit, se délectant de chaque scyllabe. Elle s'aime. La jeune fille passe une main distraite dans ses cheveux sombres et souris.
Elle s'étire dans la boue tendrement brune puis marche vers la plage.
La mer l'attend, elle a laissé son royaume, mais elle lui reviens.
"Je t'aime, murmure-t-elle à la pluie qui chante toujours pour elle."
Puis elle disparaît dans l'eau verte de la mer.
L'enfant s'est noyée.