La vie ne vaut rien, ne sert à rien.
Des larmes perlent sur les joues de la jeune-fille qui relit une lettre d'Egypte. Une lettre qui lui a fait plaisir en rentrant chez elle. Transie de froid, elle a trouvé cette lettre, elle a reconnu l'écriture au bout de quelques minutes, et a courrue joyeuse s'enfermer dans sa chambre. Camille, enfin!
Et maintenant, elle pleure, pleure un texte qu'elle a lu, elle aurait du se contenter de cette lettre qui lui a montré que l'amitié existe même quand le temps tente de la détruire. Et puis ce texte, ce texte qui l'a blessée, parce qu'elle s'est sentie visée.
Décidemment, cette vie ne vaut rien, sa présence sur Terre ne sert à rien, boire et manger, cela ne sert qu'à vivre, donc ça ne sert à rien. Elle a cette haine d'elle même qui monte dans son sang, et elle a mal, elle souffre d'elle même. On est notre pire ennemi, car qui nous connait mieux que nous même? Personne, quoi que.
Elle a envie de se faire mal, d'arracher ces cheveux qui tombent sur sa nuque, de lacérer ses bras si pâles, elle se hait toute entière, elle a envie d'avoir mal.
Après le beau temps la pluie. Après le bonheur, la douleur. C'est comme ça qu'elle voit ce qui l'entoure, le monde, la société, et elle pleure. Silencieuse, elle écoute la musique qui a envahie toute la maison, tant pis, ça lui apprendra. Elle n'avait qu'à pas lire, c'est de sa faute si elle a mal.
Merci, merci Camille de cette lettre qui me rassure.
Elle voudrait s'allonger et qu'une lame lui transperce le ventre. Plus de souffrance, enfin, la fille ne sait plus trop d'où vient toute cette haine, mais elle est là. Explosion de douleur dans le corps fragile, elle a envie de tout détruire, de se frapper, de saigner, de goûter le sang, luiquide si doux, liquide du pouvoir.
Et un rire sauvage s'échappe de la gorge souffrante. On aurait dit qu'un démon se trouvait dans la pièce, elle avait si mal.