Il regarde toute cette animation, ces gens heureux qui regardent les échoppes. Toutes ces décorations, cette nourriture, il aime ça, ça réchauffe un peu son coeur.

"I dreamed of you in my arms, but dreams are always wrong..."

Il souffle sur ses mains glacées qu'il replonge aussitôt dans deux poches profondes comme l'enfer. Il sourit de la neige qui tombe sur la ville endimanchée. Parfois il peste contre la foule un peu trop lente, mais il râle pour le plaisir de le faire. Il achète un cornet de marrons qu'il déguste, puis lance les coques au loin par jeu, tant pis si il frappe quelqu'un.

"I now you need someone, and I can hear someone somewhere in this song..."

Il contemple l'immense sapin de la place sur laquelle il arrive, c'est joli ce vert au milieu des couleurs des vieilles maisons. Toutes ces boules rouges et énormes, et ces moineaux peureux réfugiés sous l'arbre qui ombre la place.

"I've never dreamed I'd love you, I've never dreamed I'd loose you, in my dreams I'm always strong..."

Il soupire, elle n'est pas là, pourtant, ils devaient venir ensemble, et puis elle est partie, et il a eu mal. Il a eu mal, s'est fait mal, a vu les larmes couler, le sang innonder, mais il est là. Il rêve qu'il la croiserait au coin d'une rue, et qu'elle s'excuserait "de t'avoir quitté comme ça.".
Mais elle n'est pas là, il sait que ce qu'il fait est vain, pourtant, il arpente la ville à la recherche de son rire, de sa voix, de quelque chose d'elle, d'un souvenir, d'un mot, d'une lettre.
Il arrive devant la rivière, pas belle, grise à souhait. Il descend sur les quais, s'assoit sur un banc, et pleure. Pleure avec les nuages ce temps qui passe et brise tout ce qu'il trouve. Temps, invention barbare, invention vandale...
Un rire cynique sort de sa bouche et s'envole dans le temps, l'espace.

"Adieu temps de vie. Non-temps de la mort, je t'aime."