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Sous les toits
Il fait froid, très froid, et de sous les toits on voit toute la ville allongée sous son manteau d'hiver.
Il regarde par la fenêtre et son esprit vagabonde de maison en maison, de quartier en quartier, d'église en église. Le ciel pâle à un air de malade sur le point de mourir, lui aussi, il aime cette couleur, la même que celle des veines qu'on trouve dans le cou. Il colle les mains à la vitre, comme si la pression de ses deux petites choses pouvait briser la vitre, cette barrière entre le ciel et la terre.
Il mord sa lèvre rouge et tape. Il sait que rien ne pourra le faire sortir. Il soupire, le ciel a le même couleur que son visage, mais même malade, il est libre, alors que lui, enfant faible, il est enfermé dans cette pièce isolée, cette pièce qui sent le renfermé, qui ne s'ouvre pas.
Il regarde ses pieds, l'air boudeur, quelques larmes complices roulent sur la joue amaigrie. Il est tout seul dans cette chambre blanche, et la bonne ne viendra pas avant l'heure du repas. Même son ours n'a pas voulu venir le voir, seul, comme un lépreux. Il regarde les corbeaux qui tournoient dans le ciel, ils ont froid, mais ils vivent, ils dansent, ils crient. Lui est là, spectateur impuissant, accroupi qui regarde par la lucarne, et voit les toits blancs, et les églises aux coupoles vertes se serrer dans l'air éphémère de l'hiver.
Il retrousse sa manche, et regarde la cicatrice qui reste, plus sombre que le bras d'albâtre. Le docteur l'a saigné, et lui, il peut se saigner tout seul, non?
Mais ça fait mal la saignée, alors il voulait l'ours Théodore, mais Théodore ne voulait pas le voir, il est resté sur son lit, en bas, dans la chambre toute belle avec les autre jouets.
Quand il s'allonge sur le lit, comme maintenant, il voit comme de la neige, mais c'est le plafond, et le plafond il ne peut pas le toucher et jouer avec, la neige, c'est mieux. Mais maman veut qu'il reste là, sous les toits. Le lit est juste sous la fenêtre, alors il voit tout les nuages, et le ciel, et peut-être même le Paradis. Personne ne lui a dit, mais il sait que bientôt il devra aller voir Monsieur Pierre, celui qui a les clés. Peut-être qu'il les lui prêtera, si il est sage.
Il fait froid, très froid, et de sous les toits on voit tous les nuages emmitouflés dans leurs manteau d'hiver.



Ecrit dans le couloir jaune sous le toit.
Sur "La ballade of Lady and Bird" (Lady and Bird)
Prose de myel, le Jeudi 23 Décembre 2004, 12:40 dans la rubrique "Jahe".

Commentaires :

indrae
23-12-04 à 22:13
Et pourquoi il ne peut pas sortir, pourquoi il ne peut pas voir la neige dehors...
il est puni...?

 
myel
23-12-04 à 22:47
il est malade et mourant

 
indrae
23-12-04 à 23:14
... ne devrait il pas aller mieux si il respirait un peu d'air frais... plutôt que l'odeur continuelle de sa chambre...

 
myel
23-12-04 à 23:16
 
indrae
24-12-04 à 11:41

tu ne crois pas...
et il est malade de quoi ?
un mal au coeur ou au corps ?


 
myel
24-12-04 à 12:51
Euh les deux je pense, mais aussi de l'âme

 
indrae
24-12-04 à 19:20
alors je ne sais pas... ce qui est le mieux pour lui...