L'envie de mourir, ça court dans les veines comme du chocolat fondu dans la bouche d'un enfant gourmand.
Tout doucement on perd le sens de l'humour, la joie des moments simples, on se meurt doucement à force de vivre.
A force de vivre, on change, à force de changer, on disparaît, on meurt de vivre, et en même temps, on vit de mourir.
Dans le couloir, il est onze heure trente huit, et la vie s'envole par la lucarne close.
Toutes les âmes vont danser dans les airs pour la nuit, et certaines ne reviendront pas demain matin, et alors ce sera un triste 24 Décembre pour certains. Seule l'âme de celui qui veille demeure, emprisonnée dans sa carcasse, elle cogne contre le ventre, le dos, les reins.
Yeux humides et lèvres sèches, le corps a froid, il pense trop à cause de cette âme là, il est las. L'envie de mourir, comme un doux poison s'infiltre en lui, et coule comme une rivière émeraude dans la vallée un jour d'été.
Le veilleur sait que la mort viendra à force de vivre, qu'il n'est plus lui même chaque jour, et que dans l'esprit de ceux qu'il aime il disparaît lentement, pour finir dans une boîte à souvenir où il n'y aura même pas de photo de lui? Il ne sera alors plus qu'un nom dans une mémoire.
Il sert les dents pour empêcher les larmes d'inonder son clavier, tout à l'heure quand il sera enfouit dans les draps, il pourra se donner la mort spirituellement, et puis ce sera tout. Demain, il sera frais comme un bourgeon au printemps, mais il y aura une blessure de plus dans son âme, gravée profondément, elle s'ajoutera aux autres. Le jour de sa mort finale, il ne sera plus qu'un reste d'âme aux mille cicatrices.
L'envie de mourir, ça court dans les veines comme du chocolat fondu dans la bouche d'un enfant gourmand.