Il marche. Il marche dans un monde de brume, on y voit juste des arbres tristes qui s'en vont aussi vite qu'ils sont arrivés. Le vent siffle et les rivières pleurent. La mort elle même ne vient jamais ici.
Brocéliande, forêt oubliée se berce dans le brouillard épais, mais lui, il cherche à sortir. Il sait qu'il y a une porte, enfin il croit, mais si il croit, elle va appraître, peut-être. Parfois, il lui semble voir des ombres avancer non loin de lui, mais les poursuivres ne sert à rien, elles ne sont qu'illusions pour les yeux et le coeur.
Il fait froid, et la pluie tombe régulière sur la terre morte. Elle roule sur sa peau, seule compagne réelle au milieu de cette légende perdue. Il la sent et la reconnaît, si seulement le reste lui paraîssait aussi réel. Il marche malade dans un songe dont il est prisonnier.
"Monsieur le géôlier, délivre moi."
Mais le géôlier ne libère pas ici, il garde le rêveur qui s'est égaré trop loin, et il aspire la vie hors de lui, comme un vampire.
Des murmures raisonnent entre les arbres, ce sont les pleurs des anciens rêveurs, ceux qui sont sortis, ceux qui sont morts, qui ont trop fui la réalité ou qui ont appris à la regarder.
Il devient fou de ces paysages magiques qu'il voit et revoit en tournant dans ce monde qui n'est que mirage. Au début il aimait ce rêve, mais tout n'est plus que cauchemar, il s'est lui même enfermé dans ce jardin secret et en a jeté la clé.
Une fois, il est arrivé à un mur, un mur de crystal, et il a vu l'extèrieur. Il y avait des hommes, pleins. Il a crié, et crié pour qu'ils viennent le chercher, mais aucun d'eux ne semblait entendre sa détresse. Alors il a pleuré deux jours et trois nuits, puis il s'est levé, et a cherché le portail de ce jardin maudit. Mais jamais il ne l'a vue cette grille de fer si froide et si belle, pourtant, une fois, il a vu les deux anges de pierre qui l'encadraient, mais elle n'était plus là. C'était un grand jeu de cache-cache qui a pour but de tuer celui qui poursuit la liberté.
Cette nuit, il marche encore, âme en peine qui erre au milieu des arbres qui hurlent, il rêve de la voix qu'il entend dans son sommeil, la voix d'une petite fille monste aux allures d'anges qui viendrait le chercher pour le mener à la liberté.
Pourtant, il sent son âme s'échapper lentement du corps épuisé qui marche sans céder, la porte il ne la trouvera sûrement jamais. Et ses pleurs resteront alors dans la brume éternelle, cauchemar issu du rêve.

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Beaux rêves