Assis dans le parc, il regarde le ciel. Les autres regardent toujours devant eux, ou autour. Lui, il regarde en haut. On ne sait jamais ce qu'il y a en haut, alors qu'autour, ça ne change pas souvent, et devant, quelle idée.
Là, il y a des branches sans feuilles, ou presque, il y a des vieux lampadaires noirs, et des étoiles invisibles qui ne brillent rien que pour lui. Le froid, son éternel compagnon lui raconte les histoires de ceux qui sont passé là aujourd'hui, de ceux qui sont venus sur ce banc. Il lui raconte celui aux gants noirs, et celle qui l'aime, il lui raconte des visages.
Il écoute le froid qui murmure tout ces secrets, toutes ces vies, et il les aime, lui aussi il aimerait vivre. Il n'est que simple spectateur en retard des histoires de leurs vies, mais il y a toujours le froid qui vient pour lui dire.
"Merci de penser à venir me voir là-bas, dans la maison des fous..."
Une femme plutôt jeune arrive en courant, le contemple un instant, et sourit agacée.
"Pierre, vous auriez pu vous perdre, vous faire mal, venez mon petit."
Quelle idée, l'appeler mon petit alors qu'il fait une tête de plus qu'elle. Comme si il avait pu se perdre, fou ou pas, de toute façon, il la connaissait cette ville, se perdre, impossible, il connaissait encore tous les bus, il les apprenait par coeur là bas, dans la maison des fous. Se faire mal, n'importe quoi, et en se cognant contre les murs?
De toute façon, ça ne vallait rien, il n'était pas là pour sa violence, plutôt pour son efermement, non? Ou alors on s'eétait trompé...
Elle le prit par la main, il se laissa faire. Il demanda quand même au froid qui ils étaient les deux sur le banc, les derniers?
Ah, des fous, des fous heureux.
Le jeune-homme sourit, suivant contraint et forcé l'infirmière.
Bah, le froid en dirait plus la prochaine fois....