Autour de lui, des cris de viols et de voiles qui se déchirent. Des mariées et des communiantes ensanglantées, un peu partout dans la bourgade. Il marche au milieu de ce curieux spectacle, celui de tous les dimanches. Ici, la religion c'est que le dimanche, et le dimanche, personne se doute de rien. On trouve toujours à boire, à manger, et à violer.
Il erre au milieu des anges souillés, des pauvres filles aux faces salies, aux corps éventrés, souillés, il s'en fout, il a l'habitude de regarder les autres faire tout ça. Il y en a même pour prendre des gamins, ça il a eu du mal au début. Les femmes, il comprenait, mais les gamins à plat ventre sur une table, il n'aimait pas, il y avait trop de larmes, trop d'innocence volée... maintenant, il ne regarde plus. Du dégoût, juste du dégoût pour l'orgie dominicale.
Il mange juste un peu au milieu des cris qui déchirent l'air, il se sent sale, mais ça lui colle à la peau, alors il s'y est fait. Comment ils font les autres pour s'abandonner à ses plaisirs là qui ne sont même pas de vrais plaisirs, juste de la violence gratuite?
Oui, c'est vrai, cette violence gratuite, il la pratique aussi. Mais c'est pas pareil, c'est rapide, une balle dans la tête, un cou de couteau dans le ventre, mais pas ça. Pas des cris aussi longtemps, pas besoin de toucher la victime et d'y prendre un plaisir animal en plus, pas besoin de laisser effondré après et de tuer sans pitié une personne dont on a connu un peu d'intimité.
Quelques derniers cris raisonnent dans la nuit qui naît. Il y en aura d'autres qui naîtront ici, nés et haïs...
Il roule une cigarette, il attend juste l'ordre de partir, la permission d'aller finir la messe ailleurs...