Il est assis dans un coin de sa chambre, contre le radiateur. Ses yeux se promènent, inquiet? Il se ronge les ongles, enfin plutôt l'ongle, celui du majeur gauche, ça ne le calme pas, ça l'énerve, ça l'énerve, ça l'énerve. A côté de lui, ouvert sur le sol, le livre qu'il est sensé lire, mais il n'y arrive pas, il y a trop de ces pensées embêtantes dans sa tête pour qu'il puisse faire autre chose que réflêchir en regardant autour.
Il y a n'importe quoi autour, des chaussures, des sacs de cours, des vêtements qui pendent à une chaise, des bouquins qui s'entassent dans une armoire.... n'importe quoi, pleins de petits bouts de lui qui traînent ça et là.
Il est tendu, nerveux, pas très agréable d'être comme ça de nature, là il aurait besoin de frapper, frapper, jusqu'au sang, jusqu'à la mort. Besoin de sortir tout ces petits rien qui lui font mal et dont il ne se rappelle plus. Lui il sent juste la douleur des mots, la méchanceté de certains gestes anodins. Mal.
Il se sent mal au fond, il a souvent envie de pleurer, et souvent il rengorge ses sanglots, il étouffe ses larmes. Il passe une main dans ses cheveux pour les ébouriffer un peu plus, il fait rebondir son crâne sur le radiateur. Jeu idiot, complètement idiot, mais ça ne fait pas mal, ça étourdit juste. Il sent la fatigue qui le prend, déjà? Pas encore huit heures pourtant, bah, ça va passer, tout à l'heure ça ira mieux. Il sait qu'il devrait rallonger ses nuits si il veut "un on développement mental", mais il n'a pas envie de dormir, dormir, c'est perdre du temps, trop de temps, et il n'y en a déjà pas assez.
Encore ce morceau, toujours ce morceau, rien que celui là "And you're tired of your Mom' And you're tired of your Dad..." "And your nose is bleeding, And your nose is bleeding, You've been lying to me...". oui, juste celui là qui rentre dans la tête pour ne plus sortir, qui fatigue, qui endort.
Aïe, il a rongé trop loin, ça saigne maintenant, tant pis, il aime bien le sang en fait.

"Tu veux faire quoi plus tard?
-Milliardaire...
-C'est de mauvais goût Lucas. Sérieusement?
-Dictateur, et comme ça je ferai un génocide! Je tuerai tous les cons, et quelques autres. Tous ceux qui m'ont fait mal..."

Maintenant, il entame la peau du pouce gauche, juste au dessus de l'ongle. Là, ça ne saigne jamais. Il se dit que ça va le calmer, et que c'est complètement idiot de se massacrer les doigts à coups de dents, en plus, et surtout, il sait que ça ne fait que l'énerver encore plus de ne pas pouvoir s'arracher ces bouts de peaux quand il le désire.
Il sent la rage bouillonner en lui, qu'est ce qu'elle fout là?
Envie de s'exploser le crâne contre le radiateur. Comme quand il voit un coin de mur. Il se dit qu'avec une grosse tâche rouge ça prendrait tout de suite une autre dimension, a entraînerait l'imagination de ceux qui passent, ça stimulerait ces têtes qu'il voit tous les jours et qu'il commence à croire vides.

Il est assis dans un coin de sa chambre, contre le radiateur. Ses yeux se promènent. Inquiet. Il a froid. Il est froid ce radiateur, comme la lamme d'un couteau tâché de sang frais...