Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)



Ailleurs sur Joueb.com

Archive : tous les articles
Eins
Sacha
Assis à son bureau, un cahier ouvert, et un livre sur ses genoux. Il travaille.
Enfin il fait semblant de travailler, en fait c'est toujours comme ça. Il rentre, il prend du pain, du chocolat, n'importe quoi à grignoter, il s'enferme dans sa chambre, et puis il sort de quoi travailler. Et après, il attend. Il pense, il s'évade dans des mondes tous gris, les mondes chantés par tous ses groupes que sa mère a en horreur, ces mondes de misère, d'alcool, de vols. Ces mondes tous noirs qu'il ne peut qu'imaginer depuis son petit appartement bourgeois bien fermé, et son école bien religieuse, bien propre, qu'il méprise par dessus tout.
Il regarde à sa montre, six heures, déjà, elle va bientôt rentrer. Soupire, il aimerait bien pouvoir sortir lui aussi. Les autres ne restent pas enfermés tout leur temps, ils voient des filles, vont au cinéma, font des fêtes dans des salons géants. Lui non, il reste seul avec sa solitude. Jamais personne ici, et pas de frère ou de speur non plus. Juste sa solitude, la plus fidèle et la plus laide, mais la seule qu'il connaisse.
Marianne est partie parler avec la bonne d'en face. Elle reviendra à l'heure du repas, quand maman sera rentrée, fatiguée, trop sèrieuse, comme toujours, parlant de son travail, de ses notes à lui, de ses clients. Enfin de toutes ces choses qui ne l'intéresse pas.

"Mamam, il faut que je te parle.
-Plus tard Sacha.
-Maman, écoute-moi pour une fois, regarde-moi, je suis là!
-Alexandre, j'ai dit, plus tard, je n'ai pas le temps là!
-Mais tu n'as jamais le temps, jamais, tu es toujours entre un train et un taxi, le téléphone à la main! Moi je n'existe pas?
-Alexandre, ne raconte pas n'importe quoi, c'est....
-... vrai, tu ne t'ais jamais souciée de moi, jamais vraiment, tu me confies au bon soins des autres, parfois un mot gentil, puis une disparition pour je ne sais combien de temps..."

Ah ces mots qui reviennent tout le temps. Toujours quand il se retrouve vraiment seul, quand il est là à l'attendre à se dire qu'il travaille. Ca fait longtemps déjà, 5 ans, 6 ans peut-être. Il avait eu si mal après, si mal, et puis, le après, c'est encore maintenant.
Si seulement elle pouvait descendre de sa tour d'ivoire et le voir enfin.
Ca fait longtemps qu'il l'attend là, en bas, et quand il monte, il se fait mal. Tout autour de lui n'est que silence, que noirceur.
"Maman, baisse les yeux, regarde moi!"
Prose de myel, le Vendredi 25 Février 2005, 19:55 dans la rubrique "Jahe".