S'endormir sous un saule qui plie sous la neige, puis se dire que c'est peut-être la dernière fois. Mais c'est si beau, si on doit finir ici, au moins, on aura eu un avant goût de Paradis.
*
C'est sûrement sa dernière fois, parce que c'est trop beau pour être un milieu. Il y a le monde qui dort, bercé par le vent, et veillé par la lune, superbe dans sa robe d'argent. Doucement il a les yeux qui se ferment et le souffle qui se ralentit, c'est si froid magique cette nuit.
Il sent son âme se retirer, tout doucement, tout doucement, comme une mère qui va se coucher après avoir regardé son enfant s'endormir. Elle s'en va, sur la pointe des pieds, laisse là ce corps qui a peu servi.
Et elle le quitte, sautillant dans la plaine enneigée, libre et heureuse, comme un oiseau de nuit...