Un peu fatigué, la chaleur, il regarde le ciel éclater. Un de ces beaux orages d'été comme il les aime se prépare. Un bal d'éclairs de foudre et de pluie. Cette nuit, il y aura de la lumière.
Il aurait envie d'un grand bal qui sent la terre mouillée, les arbres et le monde, une vrai tempête d'été qui fait peur et qui fait allumer les bougies.
Il aurait presque envie de grêle, mais il n'y croit pas trop, li fait trop chaud, mais sait-on jamais...
La fenêtre ouverte, la pluie se fait entendre, elle est la musique du monde à son commencement, celle de sa fin.
Ce qu'il aime bien, c'est que les oiseaux ne chantent plus, ils ont fait place au silence, aux éclairs encore lointains qui grondentet se rapprochent lentement.
Le monde est battue par la princesse des cieux, colérique et indomptable, instable, cette belle qui ne fait pas ce que son peuple attend d'elle. Elle est celle dont il rêve chaque nuit, mais qu'il sait innaccessible, indemandable même.
Elle est celle qui donne et retire la vie, les trois moires à la fois, elle est celle que les rêveurs attendent dans les nuits de chagrin et qui ne vient pas, juste pour rire.
Il l'écoute, elle chante, suivie de son armée estivale, qui grise et violette le ciel d'azur éteint.
Le vent souffle entre les feuilles, il pense à l'automne.
Il s'apperçoit que quelques gouttes sont tombées sur le sol. Un présent de sa dame.

Il sort juste sur le balcon pour la sentir rouler sur lui. Tiède, comme un bol de lait au miel ou la voix d'une mère.
Les nuages sont doucement colorés par le soleil, c'est beau, on dirait un rêve. Et au dessus des nuages, on devine qu'il y a toujours ce soleil de plomb qui domine. Mais la belle elle s'est approprié la terre de vie.
Il s'assied sur la rembarde, ferme les yeux. Il l'aime, la pluie. Il essaie de se donner à elle, si seulement elle voulait le prendre dans sa suite d'éclairs. Alors, il serait l'amant triste comblé...