Le soldat avait baissé les bras, jeté son arme, cessé de combattre. Il attendait une balle, quelque chose, quoi, rien, le vide, le silence, l’ombre, un bruit. Un bruit de détente, une balle, ce qui faisait peu, c’était l’attente.
« L’attente, l’attente infinie que le temps s’écoule, qu’il redevienne normal, et la vie aussi, oui, la vie aussi, se dit le soldat. La vie aussi fait peur, mais c’était différent,la vie est la peut, mais pas l’attente, tout allait vite, trop vite, on a à peine le temps de penser qu’on doit faire quelque chose, mais il est déjà trop tard. »
Il attendait toujours. Il avait pensé, maintenant, il tentais d’installer le vide dans son être, qui ne voulait plus être. Le vide ne venait pas, juste le silence. Il soupira. La tension qui montait en lui était si forte qu’il lui sembla que rien n’allait jamais s’arrêter. Les larmes sibmèrgèrent ses yeux morts. Il voulait pleurer, il voulait mourir. Il avait voulu tuer, défendre, il ne voulait plus, il se demandait même pourquoi il était là, dans cet univers gris, et non plus dans sa campagne dorée. La boue ici n’était pas comme ailleurs, pas douce et brune, non elle lui semblait coupante, grise, dangereuse, elle engloutissait les hommes. Plus il la regardait, plus il y voyait un mélange de larmes et de sang qui avait coulé, coulé.
« Vais je mourir ?, se demanda-t-il. » La mort ne viendrait pas, il en était certain.