Il se sent désert. Il n'a que le sable brûlant et le vent qui gémit. Il a tout perdu, presque, lentement, à petits coups secs, et tout s'envolait en éclats, et puis il y a eu le coup de grâce après un long moment plié en deux à souffrir. C'était fini, il n'avait plus rien, on l'avait laissé là dans le fossé, demi-mort, vide.
Il a pleuré, longtemps, longtemps, ou alors pas longtemps. Qui sait comment il passe vraiment? Un jour, une nuit, il s'est levé, et il a marché, désert. Il n'a rien vu, parce qu'il avait perdu ses yeux aussi, tout était noir, il n'y avait plus rien. Juste ce sable noir en lui, et cette tempête de rage qui ne sortira jamais.
Il ne sais pas, ou plus qui il est, et ce qu'il faisait sur ce chemin dangereux là, ce chemin qui lui a tout retiré pour ne lui laisser qu'une enveloppe avec un désert dedans.
Se serait-il trompé de route? Peut-être, mais c'est trop tard, il aurait juste du penser à mieux s'armer pour ça, il n'avait qu'à penser avant d'avancer bêtement... on ne prends pas un chemin au hasard.
Désert de silence, de noir et de tout, il avance, trébuche, titube, se relève, toujours, à la poursuite de ce qu'il avait. Il faudra sûrement longtemps pour retrouver tout ça, mais il y arrivera, parce que sinon, ça n'a pas de sens de parcourir tout ça, toute cette distance, tout ce temps.
Il est un fou sans roi, un chevalier sans dame, un voyageur sans rien pour s'orienter, un errant.
Et l'errance dans le désert conduit à la mort, mais pas forcément la sienne... qui?