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Minuterie
Il embrasse le papier tout blanc, même si ça ne fait pas de traces, et puis il met la fleur séchée dedans. Il plie la feuille en petite enveloppe, et la cachette, avec de la cire de rien, sans joli dessin dessus.
Puis avec la plume, il trace quelques lettres sur le devant, parce que "Je t'aime je t'aime je t'aime, méfie toi des baisers volants que j'ai caché, mon Amour."...
Tout à l'heure.
Il a encore un peu de temps, trace une lune, et un paysage de nuit. "Cesse donc de massacrer cette pauvre feuille" aurait dit sa mère, du temps où il vivait encore dans l'imposante demeure familiale. Mais là, dans son refuge sombre douillet sous les toits, il n'y a que lui, et le miroir de lune pendu à un mur, pour dire si c'est bien ou mal. Et personne ne dit rien.
Nerveusement, il se demande si tout ira, si la vie lui sourira, ou si il retombera dans sa boue.
Il sort, les escaliers grincent, tous, du septième jusqu'en bas, tous couinent, chantent et gémissent sous ses pieds, il n'aime pas, pas du tout du tout, mais il y a toujours cette brave rambarde en fer, douce et rassurante, froide comme le dehors.
Dehors, il pleut, il blotti la lettre contre lui, tout contre lui, dans sa chaleur, pour qu'elle soit plus appréciée, ou plus pleine de tendresse, une vraie lettre d'amour, comme certains en ont rêvé.
il aime bien la pluie, une amie des jours gris, qui est toujours là pour faire profiter de ses talents de muse et de musicienne quand les jours se font trop sombres. Une compagne comme on en aimerait plus, un peu froide peut-être.
Il s'arrête sur un banc, au milieu d'un parc, fait une cocotte en papier, laisse la ruisseuleuse couler là... il a écrit un mot dans chacune des 16 petites caches.
"Un baiser mouillé, un baiser de brume, pour sécher tes larmes et faire voler ton rire."
Il la referme, la met au chaud avec la lettre, marche, toujours plus loin, toujours plus vite. Et les pavés gris sont devenus noirs.
Il tourne dans sa tête, une chanson de son enfance, et le petit oiseau de l'oranger s'envole dans un esprit qui n'a plus toute sa raison.
Il passe près de la rivière, celle qui traverse le monde, puisque le monde c'est la ville. Les saules y pleurent eux aussi, plus doucement, et dansent sur les rythmes tendres du vent. Qu'ils sont beaux dans ces moments là, aucun autre n'a trouvé la grâce de leurs bras.
Et le pont enjambe tout ça, et lui passe par dessus le pont, il est le maître du monde, le monde est à ses pieds. Une partie.
Les flaques se glissent sous ses pieds, l'éclaboussent un peu, mais ne le font jamais glissé. Et si il ne touchait pas le sol, en ayant l'impression de marcher?
Il vole alors, oui, il vole, ses papiers contre son coeur, espérant en combler un autre.
Il saute alors, devient fou, ferme les yeux, et se heurte à quelque chose en tombant. Dans sa boue, sur son pavé.
et les yeux vers le ciel, il voit une créature toute gênée qui lui tends la main.
"Je ne vous avais pas vu.
-Barbara..."

Et il pleut toujours sur le monde. Mais elles ont trouvées leur coeur, et deux feux jaillissent sous la pluie qui glisse.
Prose de myel, le Jeudi 3 Novembre 2005, 21:25 dans la rubrique "Bulan".