Paysage morne, paysage vide, toujours le même, toujours dans ses teintes.
Dimanche, toujours les mêmes personnes, toujours les mêmes vêtements très propres, toujours les mêmes prières dans la Grande Maison.

De l'autre côté de la fenêtre le regard se perd et cherche un endroit où se poser en paix. Papillon de l'âme il s'égare avec douceur, papilllon perdu qui cherche la beauté autour quand parfois l'âme ne la voit plus.

Du côté de la Grande Maison il ne reste que quelques traces de la neige qu'il y a eu toute la semaine, mais de l'autre côté, du côté de la pente, tout est encore blanc et gris, elle commence à peine à se retirer.

Les gens ne sont pas encore nombreux à venir, c'est normal, c'est dans vingt minutes que l'on entendra les cloches se balancer au bout de leurs cordes. Mais les portes sont ouvertes, et l'oeil se demande ce qu'il y a dedans, à quoi ça peut ressembler, mais l'oeil ne veut pas y aller, il a peur d'être enfermé.

Les arbres sont échevelés, mais leurs branches découpent des silhouettes magiques dans le ciel gris où dansent les corbeaux, les corneilles. Il n'y a pas de Firmin ce matin, il s'est réfugié quelque part sans doute, oui, mais où?

L'oeil sait que si il sortait sur le pas de sa porte, il verrait à gauche une bande de chats gelés qui se serrent pour se réchauffer, une bande de chats pelés qui fuit quand on les approche, des petits des grand des beaux d'autres moins.

Une grosse voiture devant la Grande Maison, elle s'en va, va se trouver une autre place, parce que sinon elle bloquera la sortie tout à l'heure, dans une heure.

Le regard s'aventure dans les coins qu'il a tant parcouru de la misérable petite place, tout y est si pâle ce matin, mais c'est le matin, et l'hiver n'est pas envore rentré chez lui.
Alors l'oeil retourne dans sa coquille, et tout le monde se rendort.