C'est une ville qui doit être immense, mais je n'en suis pas certaine. Il y fait toujours nuit, ou alors c'est que je suis toujours enfermée dans des endroits noirs et éclairés par des diodes rouges et des néons qui rendent tous glauque.
Elle est le mélange le plus incroyable de vieux et de nouveau, mais même ce qui est neuf a l'air abîmé. Souvent je me trouve dans d'énormes stations de métro pleines d'escaliers roulants dans tous les sens, et toujours on cour de peur de rater le métro.
Les quais sont toujours tous noirs, murs, sols et plafonds, les trains orangés, et la lumière des néons donne à ces endroits un air angoissant, dans les murs noirs sont incrustés des diodes rouges, certaines clignotent. De loin le mur semble sorti d'un film de science-fiction. De près on ne s'en rend pas vraiment compte.
Et puis ces stations sont à moitié dans les airs, on y monte par un escalator, dedans on peut en prendre d'autres pour aller au quais plus bas que le hall ou alors un ascenseur transparent qui donne sur le vide nous emmène plus haut. Les voies flottent dans les airs pour certaines, et quand le vent souffle sur les quais il fait trembler tant il hurle et tant il est fort.

La ville elle même est à la fois moderne et ancienne, de toute façon sordide. Il y a de grandes places mal éclairées et vides entourées d'énormes buildings, toujours noirs avec des diodes rouges partout. Plus loin quand on va dans les rues on trouve des immeubles un peu anciens, des immeubles comme on en construisait jusque dans les années 50, mais jamais de HLM ou de barres ou même d'immeubles plus modernes, jamais. Les façades des immeubles ont le crépit qui s'effrite et les fenêtres ont toujours des montants en bois. Quand on pousse une de ses portes, soit on entre dans une petite cour où s'entassent des poubelles soit on entre directement dans le couloir où sont les escaliers. Mais quel que soit le cas les escaliers se ressemblent. Les rambardes y sont trop petites et les marches grinçantes, il n'y a jamais de lumière dans les escaliers, et on entend les enfants qui courent pour rentrer chez eux, et dés qu'il n'y a plus personne dans les escaliers ils recommencent leurs cavalcades dans les escaliers, ils ne s'arrêtent jamais, parfois ils frappent à la porte. Ils sont maigres avec des habits sombres, souvent verts et ils demandent une pomme, les pommes sont toujours rouge.

Je connais un autre endroit, c'est la gare. La gare n'a pas de bâtiment, c'est juste des trains et pleins de quais sans lumière, au dessus il y a la route. Là aussi il y a les diodes rouges, on l'atteint en descendant le long d'escaliers.

Parfois je me demande si cette ville n'est pas en guerre tant elle me paraît misérable et enfouie dans la nuit.