Tombé un jour du ciel d'orage il était frêle comme un arbre au vent, morne comme un nuage et pâle comme la pluie.

Souvent il s'asseyait sur le seuil de la maison et restait des heures à contempler le ciel, ciel infiment attirant comme un conte plein de vérités. Il ne parlait pas, il n'avait jamais parlé, on l'avait appelé Flocon pour son silence et son calme. Il était toujours là pour aider un peu mais dés que la liberté lui était offerte il s'asseyait et laissais son regard flotter au loin.

La vieille Agafia avait voulu le garder ici, même si il ne parlait pas, même si il ne semblait pas plus solide qu'une feuille morte. Il était pour elle l'enfant qu'elle n'avait pas eu et toute la famille le pris avec elle.
La petite Epine venait parfois s'asseoir près de lui, elle l'entendait murmurer des chants qui ne voulaient rien dire, elle aimait partager le silence. Peut-être parlerait-il un jour...

Chaque automne il passait son temps à battre la campagne. Il était plus vivant plus expressif quand la saison revenait et Agafia le regardait pleine de fierté, elle le trouvait beau quand il revenait les joues rougies, les cheveux mouillés et pleins de feuilles mortes.

Un jour, cela faisait cinq automnes qu'il vivait à la ferme, il partit plusieurs jours. On s'inquiétait un peu, pas trop, après tout, il reviendrait bien. Epine et ses soeurs partirent le chercher, elles le trouvèrent assis au bord des falaises blanches, il regardait plus loin que jamais, ses yeux étaient plein de vides.

Il ne bougea pas, chaque jour la vieille Agafia lui amenait à manger et parlait un peu, chaque soir Epine le rejoignait et l'écoutait, il lui semblait qu'il murmurait plus fort qu'autrefois, et elle seule pouvait l'entendre.

Une nuit elle resta avec lui et lorsque la rosée se posa sur son nez rougit par le froid il n'était plus là. Ses habits elle les aperçu au bas sur la plage, on les enterra là.

Souvent Epine vint s'asseoir au bord de la falaise, elle disait entendre des chants dans le vent du large; et quand elle ou l'une de ses soeurs allaient sur la plage elles trouvaient des objets précieux ou jolis.

Certains racontent que l'enfant tombé du ciel aurait suivi le cycle de l'eau en disparaîssant dans la mer et qu'un jour on le verra s'envoler vers les nuages d'automne.