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Un instant
Sur un banc, dans la forêt du jardin, il admirait le ciel bleu tâché d'abricot. De longues traînes de lumière zébraient la voûte d'azur, il sentait dans l'air et dans le vent la fin de l'été courir à lui; les feuilles aux arbres revêtraient leurs robes d'or sous peu.

Dans son esprit revenaient encore les frissons de l'été et de ses bals populaires. Il revoyait ces jeunes-filles endimanchées, le feu au jouers, et l'alcool qui leur montait un peu à la tête. Quand il était partien quête de la ville, il ne savait pas encore que l'homme de passage est bienvenu, admiré, pour eux tous il avait été un hréros de l'été, un de ceux qui prennent un baluchon et s'en vont vers cette El Dorado mystérieux qu'on appelle Paris.

Il ne retrouvait ici rien du joyeux village géant qu'il c'était bâtti. Tout était en gris, tout était en bruit, il n'était plus un héros, il était le pauvre type de la campagne qui meurt sur la chaussée. Et il n'était pas le seul. Pourtant, dans les yeux de ce faux héros, demi-artiste qui ne trouvait pas la fortune, il y avait une lueure toute neuve, il avait découvert les costumes effarants, les plumes qui montent au dessus des chapeaux, les vrais perles blanches et brillantes.

Et aussi, ausi parce qu'il ne faut pas l'oublier, il y avait la petite jeune-fille des villes, moins facile à attirer que ses soeurs des champs, mais charmante et fraîche, un etit oiseau qui passait sur le trotoire d'en face chaque matin et avzec qui il échangeait quelques mots parfois, quand elle n'était pas trop en retard à l'atelier de tissage. Il attendait toujours ses deux passages quotidiens, il finirait par l'intéresser, il lui raconterait des histoires, il réciterait des vers du maître d'acole, il se ferait passer pour un héros qui a tué un loup à pleines mains. Enfin il trouverait bien.

En attendant, il allait falloir retourner sous son pont avant qu'on ne lui vole sa place, il serait bien resté sur la banc, mais quelque chose lui disait qu'il allait pleuvoir cette nuit. Et puis demain, peut-être qu'il irait voir à l'usine si il pouvait trouver quelque chose à faire.
Prose de myel, le Dimanche 17 Septembre 2006, 21:04 dans la rubrique "Bulan".