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Griselle-8
Il fait nuit. Tout est enveloppé dans un silence doux comme un drap de satin, même les voitures ne parlent plus, tout est désert.

Main dans la main ils marchent, ils fixent leurs pieds qui tapent un peu fort sur le pavé, comme si en donnant la bonne impulsion on pouvait s'envoler. Il serre sa main un peu plus fort à chaque pas, et quand il ose jette un coup d'oeil au visage impassible à l'air si fragile.

Il ne sait pas ce qu'il fait là, il ne sait pas comment elle se sent. Il aimerait lui dire des douceurs rassurantes... mais il y a des silences qu'on n'ose pas briser.


Quand il voulu relever les yeux sur elle pour parler il ne restait plus que sa propre chambre et le petit matin. Il s'empressa de sortir, il voulait retrouver les jeune-fille au nez rouge de la veille, faire renaître un sourire sur son visage si pâle.

*
Pour les fêtes de Noël Griselle avait presque toujours été seule. Bien sûr il y avait la possibilité d'aller voir sa famille, mais là bas c'était comme ailleurs, elle était seul, seule au milieu de personnes rigides et aigries qui s'appelaient Tante Iris, Oncle Emilien ou bien encore Grand-Mère Albertine. Alors elle n'y allait plus, préférant la vraie solitude, celle qui vide mais n'étouffe pas.

Griselle alla chercher une robe dans la grande armoire du salon, une longue robe de deuil vieille comme le monde. Elle aimait se voir dans celle-ci, noire mais moins sobre qu'elle n'aurait du l'être, elle ressemblait à une princesse triste, une qu'on aurait envie de sauver pour la voir heureuse avant sa fin.

Mais Dentelle aurait sans doute été plus jolie dans cette robe.
Alors Griselle se dit qu'il était temps de retourner chez le Reine de la serre.

Elle traversa le jardin, elle traversa la rue, elle prit le bus, elle traversa le parc, et puis elle entra.
Il n'y avait personne, une toile vierge semblait l'attendre. Tout cela était rassurant. Plus d'odeur de parfum, de thé et de gâteaux, plus de froufrous de jupes et des piques doucereuses, non plus rien de tout ça, seulement le calme et la douceur d'un matin d'hiver.

Si seulement ce moment pouvait être la vie entière...

Prose de myel, le Samedi 24 Février 2007, 00:22 dans la rubrique "Bulan".