Touche de bleu, pointe de rose, instant d'envol dans les traits féminins que prend l'aquarelle.
Belle envelopée dans son écharpe de soie le vent s'enroule autour d'elle, couverture de fraîcheur, elle sent le printemps tout autour.

Quand elle relève les yeux vers le ciel il y a les arbres aux bourgeons tendres et les fleurs timides mais avides de montrer leur beauté fragile. Chaque année elle revient sur cette place, tout au milieu de la ville et elle les regarde passer, elle observe les journées qui se déroulent sous ses yeux, les aller-venus de ces citadins de province.

Elle se sent comme un spectateur qui ne verrait que certaines scènes et tenterait de comprendre ce que vit chaque personnage, et elle aime ça, elle aime inventer leurs vies, leurs prénoms, imaginer ceux qu'il fréquentent, ce qu'ils font le soir chez eux... Le printemps est si fragile et lunatique qu'elle a toujours envie de pleurer devant toutes ces vies, ils sont si touchants à faire très sérieusement des actes qui n'auront finalement aucune importance. Ils inventent le poids qu'il y a sur leurs épaules, et ça, elle le sait bien. Si chaque année elle revient c'est aussi un peu par envie de la légerté que leur apporte la mort, tout est si essentiel et ennuyeux au sein des Eternels.