Un murmure dans le noir qui s'éloigne, un peu de magie et les mots s'effacent, l'encre disparaît du papier. Rien n'est plus.

Dans le noir de son esprit il dessine des contes et leurs contrées étranges, ensorcelantes, et tout ça, il ne le partagera plus. Il ferme les yeux aussi fort que possible, se concentre sur l'Au-Delà, ce qu'il peut s'y trouver. Il essaie de les oublier, il ne veut pas de leur souffrance, c'est son heure, voilà tout.

Il a lu un jour que ce que les hommes craignent le plus c'est de mourir seuls dans le noir, mais lui la solitude il la désire, il l'appelle. En cet instant précis, il ne veut qu'elle.
Et puis vient la question, celle qui vient toujours au moment inopportun et s'enroule en douceur pour violer la paix de ces dernières minutes. Aurait-il peur si il était seul? Désirerait-il ces pleurs et ces cris qui le déchirent et qu'il a parfois du mal à comprendre?

Il entend les sanglots de celle qui seront ses pleureuses, allongées au pied du lit, ses filles, ses soeurs, ses petite-filles aussi, les lumières de sa vie. Et puis il y a sa femme bien sûr, sa femme si aimante, elle était si belle quand ils se sont rencontrés, une crinière noire, un sourire enjôleur... comme il est passé le temps sur les traits de cette ancienne jeune-fille... à présent elle a le visage d'une rose flétrie, mais elle est toujours la même, toujours là.

Au fond, c'est si court, la vie.