Dans le noir elle se perd, contemple les étoiles, si loin si loin qu'on ne peut jamais le toucher. Parfois elle tend le bras, juste pour essayer, un espoir vain mais qui réchauffe.

Elle ne se rappelle plus de ce qui l'a amenée ici, dans cette plaine à l'herbe bleue si dense, si douce, cela fait longtemps maintenant qu'elle est là, il lui semble. Ici tout n'est que silence, car le bruit de l'herbe qui frémit est silence, et les bruissements dans les buissons de même, tout est silence car rien n'a de voix pour lui parler, la rassurer.

Cet endroit est étrange, il est à la fois un cocon rassurant et la pire de ses angoisses. Il est le noir, le noir qui lui a toujours fait peur, le noir dans lequel elle a si facilement envie de pleurer mais ce noir ci est aussi rassurant comme une couette de plumes enroulée autour d'elle. Pour ça peut-être, elle est perdue.

Elle aimerait que les étoiles lui racontent des histoires, qu'elles disent le monde et le reste, ce qui se cache dans le ciel, derrière les nuages, et même sur la lune... mais les étoiles ne se penchent pas comme ça sur les hommes, non, les étoiles sont très fières de ce qu'elles sont, et rares sont celles qui daignent se pencher sur ces petites choses qui vivent à peine le temps d'une de leurs minutes.
Comme les étoiles ne se penchent jamais alors elle se raconte seule des histoires et invente ce qu'il y a autour d'elle. Ici il fait toujours nuit, mais elle se rappelle vaguement qu'il existait le contraire de ce noir, des parties de jour ensoleillées et douces, ici elle ne peut pas se lever, c'est impossible, mais elle se rappelle que d'autres marchaient debout... de souvenirs et d'inventions son monde se crée pour qu'elle s'échappe parfois de ce trop plein de silence et se laisse aller à un monde de bruits imaginaires... et quand son monde sera trop lourd, elle pourra toujours revenir.