Il sentait l'herbe dorée s'enfoncer dans son dos et le soleil caresser sa peau. Il n'y avait pas de vent, et il faisait lourd, très lourd, et très chaud aussi. On aurait cru un après-midi d'août.

Autour de lui il n'y avait plus de bruit: aucun oiseau, aucune voix d'enfant qui joue, non, absolument rien, seulement un silence presque aussi lourd que l'air. Il aurait aimé qu'il pleuve. Avec son eau et son bruit, la puie aurait tout changé, tout lavé... peut-être même ramené la vie.

Il lève les yeux au ciel, il est d'un bleu pur, envahissant. Toutes les couleurs sont si violentes aujourd'hui. Il repasse dans sa tête quelques souvenirs d'autres étés un peu comme celui-ci. Des jeux, des bals, des caresses sous des porches, mais aujourd'hui, tout est différent.

Aujourd'hui tout a été détruit, tout le village a brûlé là-bas, un peu plus bas sur la route, et lui, il sent encore dans son flan la trace de sa lâcheté.