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Rosamonde
Version sans doute non définitive
* J’habitais alors dans un petit quartier vieillot et noir de la grande métropole de Lutèce. Souvent l’électricité était coupée, et l’eau aussi, mais on avait l’habitude. On savait qu’il fallait d’abord servir les plus grands alors on se taisait et se contentait de ce qu’il y avait. Je travaillais dans un petit bureau de l’autre côté de la ville, et je passais ma journée à regarder défiler des chiffres: les dépenses des autres, ou pour les autres. De l’argent dont je savais parfaitement que je ne le verrai jamais. Chaque soir vers 10 heures je me rendais à la station de métro aérien et je rentrais chez moi dans un flot d’odeurs et de sons que l’on ne voudrait pas forcément connaître. Un soir après avoir monté ces dizaines d’escaliers roulants et marchés dans divers couloirs, j’arrivais enfin sur mon quai. Il était plutôt vide, comme d’habitude, et un peu plus loin que moi se tenait une toute jeune-fille blonde. Elle leva les yeux et me regarda, fixement. Puis elle se rapprocha de moi. Quand le métro arriva elle entra par la même porte que moi, puis elle s’accrocha à moi: pour ne pas tomber ou ne pas me perdre. J’essayais de faire comme si de rien n’était, mais de correspondance en correspondance elle me suivait toujours, sans mot dire. Une fois arrivé chez moi je décidais de lui fermer la porte au nez, agacé par cette petite mouche probablement voleuse. J’ouvris une boîte quelconque, cela faisait longtemps que je ne faisais plus attention à ce que je mangeais, je la fis chauffer, puis je m’assis. Ce n’est qu’à ce moment là que j’eus la vague sensation de sa présence derrière la porte. Je refusais d’ouvrir. Je me lavais puis décidais de me coucher. Cependant, une fois la lumière éteinte je n’arrivais pas à dormir. J’avais le même sentiment qu’un maître qui a mis son chien dehors simplement parce qu’il est de mauvaise humeur et à besoin de se venger sur quelque chose. Agacé, j’ouvris la porte, et elle était là. Je la fis entrer, et même je lui donnais un bout de pain pour essayer de la faire parler. Elle me dit qu’elle s’appelait Rosamonde, et non non pas Rose-Amande comme j’avais cru le comprendre au début. Elle ne parlait pas beaucoup, et elle refusa de me dire ce qu’elle faisait là. C’est comme ça que cette petite créature blonde s’installa dans ma vie. Elle vivotait là, parfois disparaissait quelques jours, puis elle revenait toujours, un peu comme un chat. Oui Rosamonde était pour moi une sorte d’animal de compagnie, un peu fou mais toujours joyeux. Puis un jour elle me demanda une chose étrange pour un animal: “Tu penses quoi du monde?” Je la regardais interloqué, me demandant comment une gamine si gaie pouvait poser une telle question. Et je ne trouvais rien à répondre, simplement: “Je ne sais pas. Je n’y ai jamais réfléchi.” Elle eut juste un soupire accompagné d’un air agacé, puis elle se replongea dans sa soupe. Etrange créature. Ce n’est que quelques mois plus tard qu’elle reparla de ça. Elle me posa d’abord la même question, et comme je n’avais toujours rien à répondre, elle poussa un soupire vraiment excédé et me dit de me préparer à sortir. Je n’étais pas habitué à ce qu’elle me parle sur ce ton, mais il y avait une telle autorité dans sa voix que je ne voyais pas ce que je pouvais faire d’autre qu’obéir. Je n’étais qu’un vulgaire pantin finalement, j’avais honte d’obéir comme ça à une petite fille. Elle me guida dans les rues obscures de Lutèce d’un air assuré. Elle savait ou prendre le métro, et elle m’emmena loin, bien loin en banlieue, dans un endroit où je n’aurais jamais pensé aller. Il faut dire que Lutèce était toute ma vie, et je ne connaissais qu’elle, enfin surtout ses longs couloirs sombres. Quand nous sortîmes du métro, ce fut pour découvrir un endroit encore plus sombre que mon quartier. Ici il n’y avait simplement pas de lumière du tout, et il devait y faire noir tout l’hiver, toutes les nuits... un vrai coupe-gorge. Prose de myel, le Lundi 1 Juin 2009, 23:04 dans la rubrique "Jahe".
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