Le silence et ces feuilles qui tombent, il n'y a rien d'autre. Nos pas froissent les feuilles sur le sol. Nous marchons, nous sommes seuls, nous sommes deux, la brume nous enveloppe de ses bras blancs. Je sens ta main froide dans la mienne, et je tente de la réchauffer. Mais c'est une main de reine des glaces.
Nous ne disons rien, jamais rien, il ne se passe jamais rien non plus. Parfois, j'aimerais bien un mot, des lèvres. Mais tu t'appartiens, tu ne donnes rien, jamais rien.
Le vent vole dans tes cheveux, et les mêle à quelques feuilles perdues dans les airs. Une autre fille rirait, mais toi, tu ne ris pas. Aucune expression ne vient sur ton visage. Jamais un rire n'est sorti de ta bouche, jamais un sourire n'a éclairé ton visage. Alors je sers ta main plus fort, tu marches, tu ne dis rien, tu ne sens rien. Tu n'as pas mal, la souffrance ne t'atteind pas.
Tes lèvres sont bleues de froid. J'ai tenté une fois de te réchauffer, mais tu m'as repoussé, gentiment. Pourtant, avec ta peau diaphane et tes lèvres violettes, on voit que le froid pourrait t'avoir. A moins qu'il ne perde son envie de geler à ta vue, je ne sais pas.
J'entends les feuilles craquer sous nos pas, et un écureuil qui saute. Nous sommes deux, nous sommes seuls, je suis jeune. Toi, tu ne l'es pas, tu es immortelle. Mais il ne se passe rien.
Je ne vois pas devant moi. Je ne vois que toi et ton visage blanc.
Tu es une déesse glacée, et je ne suis qu'un simple mortel amoureux. Je sais qu'il n'y a pas d'espoir, et pourtant, je marche. Je ne puis demeurer loin de toi.
Je suis l'amoureux désespéré.