Ezechiel. Un nom de diable? Je ne crois pas.
C'est doux à prononcer, ça glisse entre les lèvres, ça roule en dehors de la bouche, c'est beau, magique.
Ezechiel regardait le lune courir dans le ciel d'encre. Tout était si parfait à ce moment là, le silence du vent, la fraîcheur de l'air, la magie de la Dame de Nuit.
Au loin, il y avait des coups de canon, des coups de fusils, le bruit des mitrailleuses, mais ici? Ici, c'était une nuit d'été comme une autre, enchanteresse avec des parfums d'agrumes et de poussière d'étoiles. Ezechiel ne savait même plus les armes, la guerre, les morts, il ne connaissait alors qu'Astrid endormie dans l'herbe bleue, et la Voie lactée qui tâchait le ciel.
Il était heureux de ce moment, pendant ces mois dans le rouge et le noir, il avait perdu le souvenir du silence. Le bruit il l'oubliait quand il était dans la prairie infinie, il n'y avait que de lointains grondements sourds.
Il resta longtemps à fixer tour à tour la voute céleste et son étoile endormie. Puis il lui sembla que le bruit se rapprochait, il rit de lui, il n'arrivait pas à se défaire de sa peur, mais ici, ils ne risquaient rien.
A l'horizon, le sang salissait l'étoffe bleue de la nuit, le soleil s'éveillait tel un roi, dans toute sa splendeur. Il s'endormit, Ezechiel tenait la main d'Astrid fermement, il avait si peur qu'elle ne reparte aux ciel durant son sommeil.
A son réveil, le bruit emplissait tout le paysage bleu. Il entendit des tambours, des bruits de pas, des roues, des trots de chevaux. Il trembla, il allait pleurer. Il essaya de réveiller Astrid, mais déjà l'armée noire arrivait. La blanche devait être juste derrière. Tout devint rouge autour de lui, s'il n'avait pas eu si peur, il aurait pensé qu'il était le Diable dans son royaume.
Pauvre petit pion sans espoir, il tremblait devant les hommes en armes. Et Astrid qui ne se réveillait toujours pas!