Le feu crépite dans l'âtre. Les flammes rouges et or dansent doucement. La compote de pomme dans la marmite noire répend son odeur dans la pièce. J'ai faim, très faim.
Le vent souffle rageusement dehors, et tente d'entrer. Je sais qu'il ne peut pas, il n'est pas invité. Pourtant, il se déchaîne et tape contre les vitres. Le ciel noir sans lune règne dans la campagne. Parfois j'entends la pluie qui giffle les carreaux, et un chien perdu qui cour sur les chemins. Le mien lève alors les yeux, il me supplie de le garder.
Dans cette cabane au milieu des bois, je ne pourrais pas vivre seul, c'est pour ça qu'il est là. Il chasse aussi. Le faisan de ce soir, c'est lui qui l'a tué. Les ombres des arbres qui se balancent me font trembler, je ne sais pas pourquoi, malgré toutes ces années, j'en ai toujours peur. Je me lève pour me rassurer, et je prends dans la marmite cette bouillie délicieuse.
Alors que je commence à manger, quelque chose, où quelqu'un, gratte à la porte. J'hésite, c'est la nuit des sorcières, je ne sais pas si je dois ouvrir. Un éclair illumine la pièce, j'ai peur, vraiment peur. Je me rassieds, bascule un peu dans le fauteuil. On gratte toujours ma porte.
Une sorcière? Un sanglier? Un loup? Un chien errant? Un enfant perdu?
Je ne sais pas, je n'ose pas aller ouvrir. Je ne supporte pas non plus ce bruit. Que j'aime le silence au fond des bois les nuits d'automne. Puis je réfléchis, les sorcières, ce ne sont que des contes de bonne-femme, les loups n'ont pas encore faim.
Puis je me lève doucement. Quelques planches grincent sous mon pas pourtant léger. J'ai peur, horriblement peur, je ne sens plus mes bras tant ils tremblent.
Je tourne la clé, puis d'un geste brusque, j'ouvre.
Il n'y a rien, juste un pentacle dessiné sur le sol. Et si ça n'était pas un conte. Je tremble. Je referme la porte. Mon chien grogne sans raison.
Une main froide se pose sur mon épaule alors que je vais vers le feu... je n'ai pas le temps de me retourner, déjà Elle prend possession de moi. J'entends pour la dernière fois le son de la forêt, puis un rire qui éclate, cruel et ravi.