"J'avance les yeux bandés sur un fil, je suis un funambule, bulle bulles qui s'envolent dans le ciel, rouges sangs, pour venir s'éclater sur mes dents, mon corps et tâcher mes yeux, je ne vois plus, plus depuis longtemps..."

Il rechante les mots, encore et encore. Il les aime bien, lui aussi il voudrait faire funambule, pour jouer avec la vie, pour voir jusqu'où va la chance, la sienne trop loin, elle l'empêche même de se finir correctement.

"Je regarde le ciel, ciel qu'elle est belle avec Jésus son mari, marie dans le lait, les amoureux d'une guerre et d'une bombe. Les bombes s'élèvent pour venir exploser entre mes bras, enfants chéris des femmes cruelles..."

Mal, mal à la tête, ces mots là n'ont aucun sens, ce sont les siens, sa folie qui ressort, sa folie qui explose dans son esprit, là haut aussi c'est une sinistre guerre si belle et si acide.

"Je cueille les oranges, range range des souvenirs dans une armoire qui pleure dans la nuit, nuit de noce et nocif pour les gaz qui y traînent, voile qui se déchire, murmures et râles, les ombres profitent du spectacle et tuent les tendres acteurs pour finir..."

Funambule pour mettre fin à cette guerre des mots qui fissure son esprit malade. A esprit malade chance de cocu? Il n'a pas de femme, il est seul enfermé dans ses mots, et quand il veut les faire comprendre, on le regarde comme un monstre.

"Je suis la bête, celle dont personne n'a voulu, ni lu, ni lu les lettres, pourtant j'aim'à en mourir, et je meurs, je meurs dans les jours roses comme celui-ci, si la mort m'était donnée, née enfin de la peur d'un autre, qui sait si enfin elle, ailes repliées dans son dos d'ange, gémirait de me voir allongé pour l'éternité..."