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Glósóli


J’ai traversé bien des pays avant d’arriver dans celui-ci.

C’est une île froide et désertique aux paysages pelés et verts à la fois. Quand on y débarque, c’est comme si on arrivait au pays des rêves. Un manteau de brume quisemble ne devoir jamais se lever la recouvre presque toute l’année, comme si il fallait cacher ce monde, et l’été, quand le soleil arrive enfin, tout est recouvert d’une lumière dorée.

Ici, les habitants sont sauvages, ils demeurent tous isolés les uns des autres, et en parcourant l’île j’ai passé de nombreux jours sans en rencontrer aucun. Néanmoins jamais on a refusé de m’ouvrir la porte et de me prêter un lit pour la nuit. Une fois il m’est arrivé de croiser tout un groupe d’enfants, de drôles d’enfants qui marchaient vers nul part, mais à l’air déterminé et absent. Ils marchaient vite, très vite, et j’ai eu beau courir pour les suivre, j’ai fini par perdre leur trace. On dit ici qu’il faut toujours faire très attention aux enfants, qu’ils sont un bien précieux que les fées tentent de voler.

Un soir des hôtes m’ont expliqué que ces enfants étaient sans doute le souvenir du passage de ceux qu’on appelle les enfants de Sverrir, car ici la terre garde parfois l’image de ceux qui l’ont foulée, comme si elle ne voulait pas qu’on oublie. On raconte aussi qu’un jour un enfant du nom de Sverrir fût ensorcelé alors qu’il attendait que les hommes rentrent de la pêche. Mais celui-ci, contrairement aux autres enfants ensorcelés, ne se jeta pas immédiatement à l’eau. Il parcourut l’île dans tous les sens, jouant de la flûte ou du tambour et rassemblant tous ceux qu’il pouvait, les ensorcelant à son tour.

De nombreux parents pleurèrent sur le passage de Sverrir. Ils se mettaient à genoux, s’agrippaient aux enfants, mais le pouvoir des fées était toujours plus fort, et les enfants partaient, sans un regard pour les adultes aux yeux plein de larmes. On dit que quand les enfants s’en vont ainsi ils finissent par rejoindre le pays des fées, un pays rempli d’or et de soleil. Personne ne l’a jamais vu, pas même les fameux héros des sagas antiques, et pourtant les dieux savent combien ceux-là ont vu de mondes différents.

Des enfants ensorcelés par Sverrir, on a perdu la trace. Seul un bateau de pêcheur les aurait vu sur la côte au Nord de l’île, ils se seraient élancés du haut d’une falaise pour s’envoler vers le soleil. Mais le dernier serait tombé, laissant dans la mer du sang et un corps comme symbole du passage des fées...
Prose de myel, le Jeudi 25 Mars 2010, 01:15 dans la rubrique "Bulan".