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Heart breaker
Je suis comme une feuille, porté par le vent, je n'ai pas d'attache, pas de terre. Je suis là, je suis beau, mais ne t'attache pas à moi, je vais partir. Je suis un bohémien, un enfant perdu...
** Le jeune homme assis contre un mur regardait l'eau grise rouler sur les pavés. Il ne sentait pas la pluie couler sur son corps gracieux. Il était perdu dans un monde de songes, étranger au monde des hommes. Il se souvenait d'une robe blanche, d'un jeune homme malade, d'une prostituée rousse, de marmots courant, de jeunes filles timides et rosissantes. Tant de choses, des souvenirs de ce qu'il avait laissé derrière lui, de ce qu'il avait croisé sur sa route. Chaque jour lui semblait une renaissance. Il voulait tout voir, Bruges et ses ponts, Paris et son château, Rome et ses vestiges païens, Istanbul et sa grande mosquée, Bagdad et ses mausolés. Verrait-il tout ça? Peut importait, il vivait pour vivre, sans but réel, comme on mange pour manger, on parle pour parler. Il soufflait sur ses mains froides, longues et blanches, et ses yeux gris se posaient sur la fenêtre tout en haut de la maison. Il y avait une silhouette de jeune fille, elle avait longtemps été penchée à la fenêtre, tel un ange dans sa longue robe blanche, maintenant la belle se prélassait à moitié nue à l'interieur. Il sourit à cette idée. Revint dans son esprit la jeune fille du sud dans ses robes légères, avec elle son sourire, et ses yeux comme l'eau verte. Elle l'avait aimé celle-là, il l'avait laissée derrière, comme pleins d'autres. Mais celle là n'était pas pareil, elle avait tout offert, même sa vie, elle éttait dans un couvent. Un soupir s'échappa de la bouche du jeune-homme, pauvre enfant, elle avait encore tant à donner à la vie. "L'amour ça fait mal" disait-elle, il n'en savait rien. Il n'avait jamais aimé. Il ne cherchait pas l'amour, juste du bon temps. Il serait volontiers monté voir la jolie blonde là haut, mais il attendait un signe. Si seulement elle avait pu le voir, il serait au chaud, un corps contre le sien. Puis il pris une petite mandoline et joua quelques notes. Juste un air de son enfance, un air dont il ne savait rien sinon les notes. La fille passa la tête à la fenêtre, puis sourit. Elle lui fit signe de monter. Ce qu'il y a de bien avec les filles faciles, c'est qu'on ne doit pas les payer. Le corps nu et gracile l'attendait sur un lit. Comme de la nourriture sur un plateau, songea-t-il. Oui, quand il ne pleuverait plus il repartirait. Nul doute que l'amant de la belle allait chercher à se venger. Lui, il ne demandait rien, juste un peu de chaleur humaine, un peu de temps, un peu d'amour. ** Ne t'attache pas à lui, il est comme une feuille morte portée par le vent, il va partir. Il est beau, mais il n'a rien, pas d'attache, pas de terre. C'est un bohémien, un bohémien solitaire. Méfie toi petite, personne ne le connait, mais là où il va, il devient un briseur de coeur. Garde le tien, garde le bien... Prose de myel, le Vendredi 22 Octobre 2004, 20:29 dans la rubrique "Jahe".
Commentaires : merci beaucoup Ookami, ce que tu dis me fait très plaisir^^
je n'ai pas à juger ses personnages, ils sont libertins, je les laisse faire, après tout, nous avons tous notre propre vie... c'est vrai, je n'avais jamais remarqué, mais dans tes textes il y a une absence de morale... Ca fait bizarre, mais d'un côté ça nous permet de penser par nous même... Et c'est vrai, je ne l'ai jamais dit mais ton style est très agréable... Mais pour moi, c'est l'histoire le plus important, par le style... Et quand on fait les deux très bien, comme toi... Merci beaucoup Tim, je suis flattée, tu veux me voir rougir??
ce que tu me dis est très gentil, parès tout, c'est vrai qu'on peut aimer quelque chose pour l'histoire ou pour le style, je ne fais pas attention :-) Je me joins volontier aux compliments d'Ookami et d'Alkhazar, sans toutefois porter de jugement particulier sur l'écrivain : il en va de même pour elle/lui à savoir, ne pas le juger mais simplement le laisser être. Le fait est que j'aime bien ce que tu écris. Bises. ;)
Merci beaucoup petitrenard, vous êtes tous très gentils!
J'aime aussi beaucoup ce que tu écris, et je suis ravie que ce soit réciproque. L'écrivain ne doit pas se juger, oui, peut-être, c'est dur de ne pas se juger, moi je vais essayer de la faire, et de me laisser être, une longue descente vers l'absence de jugement.... bisoux :-D Ah mais attention, cela ne t'interdit aucunement d'avoir des opinions, et de les exprimer! Le plus subtil en fait dans la notion de jugement, c'est de savoir écouter/lire les autres et de ne pas leur prêter des intentions qui ne sont pas les leurs ; trop souvent le sentiment de jugement que l'on attribue à notre entourage n'est qu'une projection de la propre opinion que nous avons de nous même, sans que l'on ose se l'avouer...
Bon désolé, en tout cas ceci n'est pas une leçon de morale (pour le lecteur - juge potentiel - qui lirait ces lignes) ; il s'agit d'un simple constat. Enfin, c'est pourquoi je crois qu'il est bon de garder un esprit d'enfant dans ce contexte, non par désir "immature", mais parce que les enfants eux se jugent beaucoup moins que les grandes personnes. Bon je retourne à mon pont ;) paresseux, tu as quitté ton pont!? Tu seras privé de nourriture. Non mais, je vous jure, ces matelots de l'espace sont difficiles à former!
je ne critiquerai pas ton point de vue, c'est le tien... quand à prêter des intentions aux auteurs, c'est exactement ce que l'on fait en étudiant un texte, une dissection infâme... |
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Ce que j'apprécie beaucoup, c'est que tu ne juges pas tes personnages. Tu les laisses être.