Image: Brugghen

Lorsque vient l’heure du Diable, l’homme qui écrit est seul. L’Homme qui Ecrit n’a pour seule lumière que la flamme d’une bougie qui commence à arriver à la fin de sa vie. Mais il s’en moque, il est bien trop occupé pour remarquer ce genre de choses.

Les gens qui passent dans la ruelle, car il y en a encore malgré l’heure tardive, s’attardent tous à regarder cet homme de dos qui semble happé par un autre univers. Même sans voir son visage on peut imaginer son front plissé, ses yeux concentrés sur la feuille, et même son esprit qui travaille. Son dos immobile appelle les questions. Qu’écrit-il? Qui est-il? Pourquoi fait-il ça? Ne serait-il pas mieux dehors à s’amuser où bien dans son lit à rêver déjà des jours prochains?

Mais tout ça l’Homme ne l’entend pas, il est ailleurs, il est dans son monde, son texte. Sous ses doigts naissent les histoires qu’il pourrait aussi raconter à ses enfants si il en avait. Dans un coin de la petite chambre qu’il habite s’entassent des feuilles qu’il a toutes remplies de son écriture haute et étroite, presque illisible quand il fatigue. Avec elles on peut voyager au bout du monde sans sortir de nos confortables fauteuils.

Sur les genoux de l’Homme qui Ecrit se pelotonne un gros chat gris. Contrairement aux passants curieux, lui ne se pose pas de question. Il espère simplement que l’Homme continuera d’écrire pour que lui puisse finir sa nuit tranquillement sur ses genoux.