Je sentais le froid courir sur mon corps, et cette envie de mourir qui me traquais. Je l'entendais dans mon esprit qui disait:
"vas-y, tues toi, laisse toi nue dans la neige, prend un lame glacée, et enfonce là, enfonce là dans ton sein, c'est rapide, c'est froid."
Et je restais assise dans la neige, nue, je sentais les flocons légers tomber sur moi avec légèreté, et fondre sur ma peau d'opale, si fine. Autour de moi, mes longs cheveux de jais tentaient de me protéger du froid, mais je savais qu'ils ne pouvaient rien. Et je souriais, je souriais de la mort qui s'approchait à grand pas dans sa cape noire immense.
Je sentais aussi les souvenirs affluer à ma tête, ils tentaient de me convaincre de vivre, mais je ne les écoutais pas, je me suis allongée bras et jambes écarts dans cette masse froide. Elle me désirait et voulait me garder pour elle seule. La neige, cet élément divin me désirait aussi, comme tous ces hommes à cause desquels je restais là.
La neige n'étais donc pas si pure, mais je m'en moquais, je savais qu'elle ne pouvait pas vraiment me faire de mal. Elle mêlait sa peau à la mienne, et des deux, je crois que la mienne était la plus pâle. Je mêlais mes cheveux à la nuit, et ils étaient plus noirs et épais. Je mêlais ma bouche à l'air, attendant qu'il vienne m'embrasser, mais l'air est un jeune homme farouche.
Puis j'ai senti le froid s'introduire en moi, j'ai su que c'est lui qui les contrôlais tous, et que c'était lui qui me prendrait. Alors j'ai tenté de lui résisté, car il me faisait peur, mais il m'a eue, comme tous les autres hommes m'avaient eue, et même les femmes.
J'ai regardé un dernière fois la neige, et puis le ciel. Mais au dessus de moi, ça n'était plus lui, mais un homme, jeune, il m'a prise dans ses bras, j'ai su que c'était l'air, je l'ai embrassé. Mais c'était trop tard, le froid m'avait.