A l'ombre des arbres centenaires, il marche sans un mot, sans un bruit. Il absorbe tout autour de lui et ne laisse qu'un solitude triste et belle, une solitude qui dérange dans cette forêt qui devrait être si pleine de la vie des animaux, des oiseaux et des fées.

Certains disent qu'il est magicien, d'autre qu'il est simplement rêveur, mais pour lui, tout ça n'a pas d'importance, il ne les écoute pas, il cherche les fées. Tous les jours on le voit partir vers la forêt, à l'aube, et ce n'est que tard dans la nuit qu'il revient enfin au village. Il marche des heures, pieds nus pour mieux sentir les humeurs de la terre, il caresse souvent les rochers, les arbres, comme si il attendait une réaction. Rien ne lui a jamais répondu, mais il ne perd pas courage, il a l'intuition que quelque chose ou quelqu'un finira par lui répondre et lui apportera des secrets et des rêves nouveaux, ou bien simplement des réponses à ses questions.

Il est persuadé qu'il a déjà vu des fées, et qu'elles l'ont choisi pour venir à elles. Il affirme qu'elles dansaient nues dans les champs de son père, qu'elles l'ont appelé même, et par son prénom, son prénom secret bien sûr, pas celui de tout les jours, non non, son prénom magique, celui que chacun reçoit avant sa naissance. Mais c'est sa mère, dit-il, qui l'a empêché de rejoindre les fées, quand elle l'a vu courir vers elles, elle l'a attrapé, et l'a plaqué au sol. Depuis il ne veut plus lui adresser la parole. Seulement le simple minimum, et la pauvre femme, tout le monde dit qu'elle passe ses nuits à pleurer et ses jours à se lamenter sur son enfant chéri.