Couché sur son lit, il rit à gorge déployée, les larmes inondent son visage. Il rit comme un dément, ce qu'il est devenu d'ailleurs. Il sourit de se voir souffrir, son malheur le met dans un état d'euphorie. Plus il sent l'être humain en lui, plus il sent son âme heureuse. Il se déteste, malgré le fait qu'il est tenté de s'aimer pendant des années. Il ne s'aime pas, il exècre tout ce qu'il est.
Il ne vois pas le plafond tant les larmes abondent, seul reste nette cette haine qui l'habite et le ronge depuis toujours. Il sait que cette haine prend possession de son corps, mais ça n'a jamais été aussi fort, jamais aussi rapide, aussi poignant. Maintenant, elle est là, elle se nourrit du manque de confiance, de la timidité, des sentiments refoulés, et des souvenirs qu'il tente d'oublier.
il entend sa voix murmurer:
"Tuez-moi, tuez-moi, tuez-moi!".
C'est comme une prière qu'il s'adresse, il voudrait ne plus souffrir. Il voudrait que les larmes cessent de nourrir leur rivière, et que son âme s'efface pour laisser place à la haine. Il ne peut plus supporter de sentir son coeur se faire lacérer, broyer. Il voudrait s'envoler loin de là, il ne demande rien au fond.
La haine se rengorge de plaisir, la peine du jeune-homme la fait grandir.
Puis il se prend pour un ange. Il ne voit pas comment mettre fin à sa souffrance, si ce n'est en s'envolant vers le Ciel. Il ouvre la fenêtre et regarde la neige dans les rues, et sur les toits de Paris. Il se jette, la haine a vaincu, il la sent jouir de sa souffrance.
Puis il ne reste plus rien, qu'une tâche rouge comme des ibiscus, et un ange allongé sur le pavé. Comme si l'hiver parisien se mélangeait aux fleurs exotiques.