Infinie contemplation des verts et bleus qui s'embrassent avec tendresse dans l'eau du bassin, les poissons gracieux dansent leur ballet du silence, immuable et sans cesse réinventé.

Ces animaux à la fois laids et charmants dansent dans ses yeux de lumière noir, ils sont toute la vie résumée en d'invisibles rondes lassives. Parfois elle aimerait se glisser sous ces écailles et s'oublier là entre algues et vase.

Des rêveries perdues s'évadent avec la fumée de l'encens qui monte en arabesques lentes; des oiseaux, du souffle du vent dans les arbres émane le calme muet du sanctuaire. Elle ose à peine respirer quelques mèches noires et timides osent bouger comme des papillons sur leurs gardes sentant l'oeil du chasseur se poser sur lui.

Et, tout doucement, comme si un geste de trop eut pû provoquer ce cyclone qu'un simple battement d'ailes entraîne, elle se lève. Les mains, graciles, adroites, délient la ceinture et laissent tomber la soie qui glisse sans un bruit sur les épaules, le dos, les fesses avant de s'étendre sur l'herbe dans un froissement doux.

Elle se glisse alors dans l'eau glacée, et quand il ne restera plus que sa chevelure déliée qui flottera comme une étoile déchue alors elle disparaîtra vers le fond, le coeur gros de ne pas pouvoir s'éloigner de cette prison de fluide.