Il rêve d'un rayon de soleil et de fleurs pour couvrir la terre. Il y aurait aussi des gens pour rire autour d'un feu, des regards aimant, des amis, une famille...
Enfin toutes ces choses dont ils ont tous rêvé et qui ne tombent jamais du ciel. Parfois, il se prend à rêver de ça, de ces choses qu'ils imaginent pour ce qu'ils en voient avant. Avant quoi?
Oui, ces gosses qui sourient et qui crient, ces femmes et ces jeunes-filles qui chantent et qui tournent autour des maisons comme des abeilles en été, et ces hommes aux sourires bons, un peu amusés...
Tout ça, ça leur donne envie, ils n'en parlent jamais pour ne pas risquer leurs peaux comme ça, mais au fond, ils le partagent ce rêve de liberté, de joie, de chants, .... d'amour?
Il regarde une dernière fois avant de quitter ce village le visage de l'enfant qu'il a achevé en dernier.
Il y avait ces yeux, si suppliants, mais si fiers aussi, et il attendait, debout, face à lui. C'est vrai, il aurait pu lui laisser la vie, vu son courage, Ils l'auraient formé. Justement, il y a pensé, et il s'est dit que le gamin ne devait pas vivre ça, ne devait pas devenir comme lui, une machine a tuer qui a vu les siens mourir et qui tue les autres. Alors il a soupiré, il a tué. Et le gosse est tombé dans la boue, au milieu de cette marre de sang.
Ca sent déjà la mort ici, et lui, il s'en fout, il se dit qu'il devrait se dépêcher de partir, mais y a le gosse dans la boue. Y peut quand même pas le laisser là.
Oui, non? Il a envie de pleurer, il aurait préféré qu'on le tue lui aussi quand il avait cet âge là, qu'on lui épargne ça.
Il est là, avec son arme dans la boue, seul, il s'apprête à se lever, à suivre les autres. Il n'est qu'une machine à tuer, comme eux, une machine à faire la guerre.
Mais cette guerre, elle sert à quoi d'jà?