Des milions de visages, et surtout ici, au milieu de cette fête. Tous les visages des passants rayonnent, je ne peux pas croire qu'ils soient tous heureux, il n'y aurait donc que moi qui serait triste ici?
Plus je regarde la danseuse de tango évoluer sur la piste avec des hommes en tout genre, plus je souffre. Il suffit pourtant de passer cette porte, cette frontière de crystale pour danser avec elle. Mais la frontière de crystale est là, et elle est solide, mais si elle ne le paraît pas.
Et la danseuse, L'Amelia, fait bouger avec grâce son corps, secouant sa chevelure de nuit, en passant de cavalier en cavalier.
Et moi, je suis là, autour de moi, le peuple danse, et dans cette cour où elle danse, il y a les riches. Le bruit des banjos et des trompettes fait voler les filles, bouger les garçons, et rires les bambins malicieux qui en profitent pour faire ce qu'ils veulent.
Oui, il n'y a que moi qui suis triste, seul et l'ai morose, pourtant, j'aimais danser, et j'avais surpris les filles en refusant de danser. Je ne pensais qu'à la danseuse au corps gracieux de serpent, aux yeux émeraudes, à sa peau ambrée, sa démarche dansante. Elle étais pour moi une déesse, mystèrieuse et sensuelle.
Si seulement j'avais pu l'approcher et coller mon corps au sien, ne serait-ce que pour une danse. J'aurai donné l'or des mines secrètes du désert, de mes mines, pour l'avoir contre moi un instant, une parcelle de seconde.
Puis je suis allé hors du village, dans le désert noir, je me suis allongé. Je ne savais pas trop pourquoi. Et je me suis endormi, la question que je me posais, était de savoir si je me réveillerai vivant, ou si je serai tué par un chacal, un scorpion ou un serpent.
Je ne sais pas, je verrai demain matin, si demain il y a...


myel, vive Calexico