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Tic-Tac, et encore la souris du temps qui grignote la vie
"Les idéaux sont pour les autres. Je les admire ces autres, mais on ne m'a pas donné de valeurs. Je suis là pour vivre, puis pour mourir, juste comme ça.
Je ferai ce que je ferai, je ne me pose pas de questions. J'ai l'impression de néan, de néan absolu. Ma vie est un néan, je suis ceux que je suis, je les suis parce qu'ils représentent quelque chose pour moi. Je les admire avec leurs idées, j'ai bien essayé d'en avoir, mais elles ne tiennent pas, je les regarde, les yeux vides, et je me dis que c'est bien pour eux, que s'ils ont envie de le faire, pourquoi pas. Je les soutiens parce que je les apprécie, mais au fond, je m'en fous. Oui, il y a des choses que je désapprouve, bien sûr, mais de celles qui révoltent le commun des mortels. J'ai l'impression que les autres ont quelque chose qui les fait tenir, quelque chose pour lequel il mourrait. Moi je n'ai pas vraiment une chose à laquelle je tiens, enfin si, ceux que le temps m'enlèvera, mais je ne me sens pas de taille à me battre contre le temps, je vais juste m'aigrir en pensant à ce que j'aurai dû faire... mais sûrement pas maigrir d'ailleurs, à mon avis, d'ici deux ans, mon poids aura triplé et je ne montrai plus sur une balance (bas lance, comme dirait d'autres)... je n'ai que des pensées négatives ce soir, et tout ça à cause d'un infime moment où je me suis sentie seule. Je voudrais enterrer ma sensibilité, oui, je devrais le faire, voilà, j'ai trouvé le chemin de la délivrance, mais je ne le suivrai pas, il m'aime sensible, et sans ma sensibilité, je crois que je serai presque totalement déshumanisée, et surtout, je ne pourrais plus écrire, enfin si, mais je ne trouverai plus mes mots (non, ça ne m'arrive pas souvent)... J'ai les yeux secs maintenant, mais j'aurai passé ma soirée à pleurer, pour un instant de silence et de solitude, et puis j'aurai écouté sa vie.... ... et j'ai honte de la mienne alors, je commence à me dire que je dois de nombreuses excuses, mais quand les faire? Je l'aime parce qu'il est là, toujours là, même si je suis insupportable, et méchante, il me redonne l'envie de vivre, mais il me l'enlève aussi, je me demande comment je pourrais vivre en voyant ce qu'il a subit déjà.... oui, je sais, je dois penser positif, positif, positif... Et dire bonne nuit, enfin lui dire bonne nuit, mais je n'en ai pas envie, pas envie. Bonne nuit." Prose de myel, le Mardi 11 Janvier 2005, 23:44 dans la rubrique "From me to me...".
Commentaires : Merci Matelot d'avoir été un peu là aussi à votre façon....
Bisoux Petit Ange,
Je ne veux pas répondre comme on le fait souvent, que la vie est belle, qu'il y a de belles choses auxquelles on doit attacher sa volonté, que si tu n'as pas le bonheur aujourd'hui, tu l'auras demain ... Chaque expérience est singulière et au fond il n'y a qu'à moi que j'ai le pouvoir de faire des promesses sans craindre d'être parjure, même si au fond j'aimerais t'en faire tant et tant que chaque lendemain te promette un souffle de vie. Alors je vais te raconter une histoire, l'histoire de la petite fille de l'abîme ... Il était une fois une petite fille qui était née dans un village au bord d'un abîme et chaque année une bâtisse du village plongeait dans l'abîme, emportant souvent avec elle ses habitants. Pourtant aucun d'eux ne songeait à dépasser le sommet de la colline qui surplombait l'abîme, parce que personne n'en était revenu parmi tous ceux qui avaient rêvé d'aller au-delà et s'étaient lancé dans l'aventure. Alors jour après jour ils vivaient avec la conscience que l'abîme se creusait et que pour survivre ils devraient reconstruire à flanc de colline ... La petite fille avait un coeur d'or et son sourire était un trésor pour ceux qui la chérissaient. Elle avait vécu des premières années d'enfance insouciante, ignorante du drame larvé qui dévorait le village peu à peu. Sa maison n'était pas trop près de l'abîme et elle aimait jouer à ses abords, inconsciente de ce gouffre vorace à quelques pas de son bonheur d'enfant. Pourtant un jour l'abîme est arrivé jusqu'au bord de sa demeure et un beau matin il dévora un mur puis emporta la chambre de son frère; l'abîme lui avait dérobé son compagnon de jeu. La petite fille vit alors pour la première fois de sa vie cet abîme et chaque jour elle venait pleurer à son bord la perte de son frère, son sourire s'était fâné et les larmes creusaient des sillons dans ses belles joues rondes. Elle était toute seule au bord de l'abîme et ses questions sans réponses venaient s'y perdre sans fin ... C'est à compter de ce jour qu'elle vit l'abîme avancer, qu'elle vit disparaître des visages qu'elle ne regardait pas avant, des bâtisses qu'elle n'avait pas remarqué avant qu'elle ne se demande qui allait partir aujourd'hui. Elle eut l'impression de voir la vie s'en aller et souffrit des rires des enfants qu'on laissait dans l'ignorance du drame de leurs vies à venir, elle souffrit aussi des pleurs de ceux qui le soir venaient au bord de l'abîme faire le deuil d'un être aimé et qui le jour retrouvaient les sourires. Elle en voulait à tous parce qu'ils jouaient un jeu qu'elle ne comprenait pas et où elle ne voyait que la disparition de tous à terme. Elle voulait rejoindre son frère parce qu'elle ne se voyait que vivre pour mourir, sans espoir ni avenir autre que la fin inéluctable. Pourtant elle ne pouvait pas parce qu'au fond d'elle il y avait le souvenir du bonheur et qu'elle le désirait encore, l'espérait sans y croire ... Alors elle venait chaque jour au bord de l'abîme raconter des histoires à son frère, attendant que l'abîme vienne à elle puisqu'elle ne pouvait aller à lui. Parfois un ami plus compréhensif qu'un autre s'asseyait auprès d'elle et la divertissait mais elle les vit disparaître l'un après l'autre. Puis un jour sa mère chuta dans l'abîme à son tour et le regard de son père s'éteignit lui aussi. Sa vie appartenait à l'abîme, elle ne voyait plus que lui et ne voulait plus entendre les autres lui dire que la vie continuait, qu'elle était belle sur les flancs de la colline. Elle leur en voulait de faire semblant d'oublier l'abîme, de vivre alors que les leurs disparaissaient. Elle attendait simplement son tour ... Et puis un garçon qui la trouva belle s'assit auprès d'elle pour lui prendre la main ... Il lui parla du haut de la colline, lui dit qu'au delà devait se trouver le bonheur, qu'il l'emmènerait et l'aimerait plus que tout si elle acceptait de le suivre. Pourtant la petite fille avait tellement pleuré au bord de l'abîme que ce dernier était devenu son univers et qu'elle craignait de croire en autre chose que cette fin prochaine et inéluctable à laquelle elle s'était habituée. Elle voulait l'aimer et le suivre mais son esprit s'accrochait à l'abîme parce que c'est là qu'avaient sombré son bonheur et les siens, elle pensait appartenir à l'abîme, que sa vie et son âme n'étaient eux-même que des gouffres béants et ombragés ...
Je te laisse finir cette histoire ... Un Songe à un petit Ange
Ce que j'ai ressenti en lisant ton texte était très étrange... Je me suis retrouvée en ton texte... C'est une drôle d'impression...
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Très beau texte. Je suis triste à l'idée de tes yeux mouillés ; peut-être aussi que je me sens un peu coupable parfois... De quoi? D'être parmi les autres ; d'être différent ; de ne pas toujours comprendre... De ne pas te connaître.
Ma sensibilité à moi qui refait surface ; nos sensibilités qui se parlent et s'émeuvent quand les mots sont vains, l'émotion vient... Et puis voilà, quelques instants fugaces, quelques mots échangés en un point donné dans un espace et un temps dont nous ne connaissaons les limites, comme un voyage intersideral...
Matelot au rapport sur le pont Capitaine. (douce nuit)