Je me suis regardée dans le miroire, je ne me suis pas reconnue. Mes cheveux étaient lisses, coiffés et épais, eux qui sont toujours en pagaille, c'était étrange. Puis j'ai tourné mon visage vers l'ordinateur, j'ai vu une larme briller sur ma joue, et puis j'ai regardé ce visage.
Je suis coiffée un peu comme avant, les cheveux courts, il y avait mes lèvres minucules et un peu épaisses, serées par la gravité de ce moment éphémère. Je me suis regardée droit dans les yeux, et j'ai vu que j'atais perdue, je me noyais dans ces deux lacs qui brillaient. J'avais l'air d'une grande enfant perdue sur le point de fondre en larme.
Mais ce moment était si grave, je n'entendais même plus la musique. C'était l'une des rares fois dans ma vie où j'ai accepté mon visage, j'avais envie de me consoler à voire comme j'avais l'air perdue.
Souvent en cours je regarde les profs de cette façon là, ils n'aiment pas, ils n'ont pas l'habitude des enfants perdus, ils ont oublié Peter Pan.
Puis je sentais les larmes venir, mais je ne voulais rien faire. J'ai posé ma main glacée sur mon front, et je l'ai fait descendre, doucement, du front pâle au menton, en ouvrant la bouche. Puis j'ai détourné mon regard, je ne supporte pas de voir ce visage là, c'est comme celui d'une étrangère... peu de gens s'acceptent, je n'en fais pas partie.
Et j'ai relevé les yeux vers le miroire au cadre en lune.
J'ai eu envie de me dire quelque chose, mais rien ne sortait, alors j'ai laissé la fillette aux yeux verts se perdre dans ses pensées, dans les miennes.
Pauvre enfant, elle n'a pas de lanterne, Jack en avait une...