Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)



Ailleurs sur Joueb.com

Archive : tous les articles
Inconnu

 

Il ne la voit pas, il ne voit que son oeil. Son oeil bleu, bleu outremer, cet oeil où il se voit bouger. Elle le fixe, et lui il admire son mascara qui coule petit à petit sur la joue pâle.

Il tombe, il se noie lentement dans son oeil qui l'entraîne, il va mourir, oui, mourir, il a besoin de dire quelque chose, rien en sort de sa gorge. Rien.

Il se sent disparaître, il devient invisible, c'est elle, c'est elle, c'est à cause d'elle qu'il ne vit plus. C'est elle qu'il cherchait pour le faire mourir. Elle.

Elle l'entraîne dans un autre monde. Elle reste impassible, consciente de son emprise, de sa puissance. Il l'imagine satisfaite de cette souffrance qu'elle créé en lui.

Il imagine les paupières tâchées de sang, le maquillage entièrement lavé par la pluie. Il l'imagine majestueuse reine de son âme, belle et cruelle, chevauchant les chevaux de l'Enfer.

Il a mal, il sent qu'elle le perce au plus profond de lui même. Elle est la seule vivante au milieu de cette foule qui bouge au pied de la scène. La seule vivante au milieu des écorchés...

Elle détourne la tête, ses cheveux volent.

Il a mal, il sent son âme partir et la rejoindre. Se poser au creux de sa main ouverte, tendue.

Elle revient à lui, cligne des yeux.

Et pendant que son ombre l'abandonne à son tour, il se sent emporté par la belle.

Elle va danser avec son âme au milieu de ces villes de folie, de ces villes qui dorment sous terre... elle le laisse souffrir. Elle n'achève jamais ses victimes. C'est si doux de sentir cette douleur qui sort d'eux quand ils n'ont plus rien.

Prose de myel, le Samedi 26 Février 2005, 22:30 dans la rubrique "Mutiara".

Commentaires :

Amandil
27-02-05 à 20:18
Ce texte n'est pas dans le meme style que les autres,plus sombre.J'aurai tendance a dire "gothique",mais c'est un mot que j'aime beaucoup.On peut s'interroger sur la signification de ce texte,sur les sentiments qu'il laisse transparaitre.De la cruauté,de la douleur,de la joie a provoquer la douleur,j'aime cela mais ce n'est pas dans le style des autres textes.Pourquoi?
Il y a une notion d'amour soumis et de domination sans amour,juste pour le plaisir.Etrange.Mais interessant et bien écrit.

 
myel
27-02-05 à 21:26
Ce texte n'est pas vraiment de moi, il est plutôt de l'image, parce que, pour une fois, ce ne sont pas mes sentiments que je décris, mais ce que je vois dans l'image.
J'aime bien mêler l'idée de souffrance comme ça avec l'amour, c'est cruel mais.... ^^

Sinon, le côté gothique comme tu dis, je crois qu'il vient de là, le groupe ,'est pas gothique, certes.... (bonne lecture :p)

Noir Desir; Les écorchés

Emmène-moi danser
Dans les dessous
Des villes en folie
Puisqu'il y a dans ces
Endroits autant de songes
Que quand on dort
Et on n'dort pas
Alors autant se tordre
Ici et là
Et se rejoindre en bas
Puisqu'on se lasse de tout
Pourquoi nous entrelaçons-nous ?
Pour les écorchés vifs
On en a des sévices
Allez enfouis-moi
Passe-moi par dessus tous les bords
Mais reste encore
Un peu après
Que même la fin soit terminée
Moi j'ai pas allumé la mèche
C'est Lautréamont
Qui me presse
Dans les déserts
Là ou il prêche
Ou devant rien
On donne la messe
Pour les écorchés
Serre-moi encore
Étouffe-moi si tu peux
Toi qui sais ou
Après une subtile esquisse
On a enfoncé les vis...
Nous les écorchés vifs
On en a des sévices.
Oh mais non rien de grave
Y'a nos hématomes crochus qui nous
Sauvent
Et tous nos points communs
Dans les dents
Et nos lambeaux de peau
Qu'on retrouve ça et là
Dans tous les coins
Ne cesse pas de trembler
C'est comme ça que je te reconnais
Même s'il vaut beaucoup mieux pour toi
Que tu trembles un peu moins que moi.
Emmene-moi, emmene-moi
On doit pouvoir
Se rendre écarlates
Et même
Si on précipite
On devrait voir
White light white heat
Allez enfouis-moi
Passe-moi par dessus tous les bords
Encore un effort
On sera de nouveau
Calmes et tranquilles
Calmes et tranquilles
Serre-moi encore
Serre-moi encore
Etouffe-moi si tu peux...
Serre-moi encore
Nous les écorchés vifs
On en a des sévices
Les écorchés vifs
On les sent les vis

 
Songe
28-02-05 à 04:47

Souvent j'ouvre ce petit encadré de réponse sous tes textes avec l'envie de les poursuivre mais je m'arrête et je m'interroge : mes songes font-ils partie de ton monde ? Peuvent-ils oser y pénétrer sans s'y laisser prendre ? Sans s'allonger sous la lame, victimes offertes à tes récits étranges et souvent cruels, douloureux et empreints de tragédies sourdes et muettes ...

Dois-je plonger dans ces mondes obscurs qui dorment en moi pour y puiser la continuité aux tiens ou bien dois-je m'aventurer dans des contrées plus lumineuses pour y capturer des lueurs à déposer ici comme des incongruités éphémères ?

L'obscurité se referme tel un linceul sur lui tandis qu'un regard étranger, spectateur, voyeur la dévisage, elle, vêtue de suffisance, se jouant de la souffrance avec cette exquise élégance de la féminine et fatale séduction. Le regard s'attache à la silhouette diaphane qui épouse l'obscurité, fiancée de ces ombres qui s'allongent, sulfureuses courtisanes, à ses pieds ...

La veuve noire, dévoreuse d'amants tisse ses fils acérés à travers la nuit, retenant dans ses rets ses victimes allanguies avant de leur lacérer l'âme avec une cruauté patiente.

Tandis qu'elle s'évapore, satisfaite, repue, il glisse d'un pas léger derrière elle avec un sourire accroché au coin de ses lèvres charnues jurant avec le teint cireux de son long et beau visage. Dans les replis de sa fine cape de soie blanche il tient, enfermé dans une boîte à musique son propre coeur ...

Bientôt le bal s'ouvrira et son âme à lui épousera sa démence à elle, la fera ployer, l'étreindra avec ardeur pour l'apprivoiser dans de rageuses arabesques,  un tango sur une corde raide où les pas s'enchassent, s'enlacent, se brisent tour à tour jusqu'à la domination de celui qui mènera alors la danse ...

Elle glisse doucement sur le pavé dur, froid et humide et tout à sa légèreté elle pénètre sur cette vaste place en damier bordée des façades décrépites d'une débauche depuis longtemps repartie se loger plus profondément dans les entrailles de la terre, comme une gangrène ancrée dans la chair nécrosée d'un monde qui s'enfouit toujours plus loin de la lumière ...

Il l'a devancé et attend que la fragile figure s'avance au centre de l'équiquier afin que s'engage la partie décisive ...

Perché sur l'épaule marbrée d'un de ces appollons déchus qui soutiennent les portiques d'anciens palais de luxure, il pose doucement deux doigts sur la petite manivelle et tourne, tourne, tourne  ... jusqu'à ce que sur la place résonne la mélodie de son coeur, la mélodie d'une vie, d'amours passés, de tout ce que les sentiments ont gravé dans la chair jour après jour, la douleur, les peines, les déchirements, la souffrance des pertes, mais aussi le bonheur des retrouvailles, les joies de jours heureux ... une destinée vertueuse qui s'est arraché le coeur pour capturer de ses notes les âmes retorses ...

Tout n'est plus que sons qui se font échos et elle, si droite et si fière, si dure, sent ses jambes se dérober, son coeur de pierre se fissurer, ses regards s'affoler, tout son être s'effondrer, face à la misère de sa solitude qu'elle enfouissait profondément sous une écorce de mépris et de cruauté jouisseuse ...

Elle n'est plus que cette pauvre fille sans passé et sans avenir que le présent rattrape sur de grandes dalles glacées qui lui offrent le miroir de leur surface polie pour contempler sa propre ruine ... l'âme damnée renoue avec la vie et ses douleurs, foetus recroquevillé sur lui-même au milieu de ce trop grand vide ...

Echec à la reine noire ... le fou blanc va doucement la soulever et l'emporter dans son monde blanc pour soigner son regard de la suie qui l'aveuglait et son coeur de ses cendres ...