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Griselle-9
L'enfant se recroquevilla, le nez entre les genoux, les bras autour de tout ça. L'Ange regardait au loin, toujours plus loin, et l'enfant, le nuage, le ciel, tout avait disparu dans son regard vide. L'enfant sentait les larmes toutes froides toutes chaudes sortir, puis rouler jusqu'à la bouche, ligne de fin de vie.


"Alors la vie finit sur une bouche."


L'enfant se demanda si l'Ange était toujours là, où si l'horizon rose l'avait happé, dans un élan d'amour.


"Mon Ange, pourquoi tu te laisses happer par le là-bas?
-Je ne sais pas. Je laisse faire."


L'enfant soupira, dans son coeur, on lui volait tout ce qu'il avait, tout ce qu'il avait jamais eu, puisque ce que les autres ont, il ne l'a jamais eu, il n'a jamais eu de nom.


"Si tu te laisses partir, je serai seul. Perdu?"


Les mots s'envolent, happés eux aussi avant d'atteindre l'oreille.


"Tu ne m'écoutes jamais mon Ange, j'ai cru que les Anges étaient doux.
-Si je pars, il y en aura un autre, plus doux peut-être, que ton sourire s'illumine de lui.
-Il n'y en a pas d'autre...
-...
-Pas pour moi."


L'enfant jette un regard déchirant à l'horizon, mais celui-ci reste intact. Toujours si rose, toujours si frais, toujours si beau. Jalousie.


"Même si tu n'aimes personne, moi j'ai besoin de toi. Tu es le seul qui est toujours là. Même si tu n'y es jamais vraiment.
-Je ne suis pas une nourrice... je suis un Ange...
-Oui, mais les autres prennent soin de ceux qu'ils gardent. Toi, tu fais mal.
-Je ne fais pas exprès.
-Tu es fou."


L'enfant s'enfuit dans le nuage chaud, s'enfouit jusqu'au visage. Il reste un Ange sur un nuage, qui, au clair de lune parle doucement à quelqu'un qui dort, qui ne saura jamais, à quel point il l'aime.

(25/11/05)
*

Quant elle avait imaginé ces mots Griselle croyaient qu'ils ne reviendraient jamais. Elle n'avait jamais rien écrit d'autre, juste cet instant de cette dure douceur rose coucher de soleil qu'elle avait imaginé au hasard d'une aube d'été.

Sur ses doigts fins, la peinture. Elle avait abandonné pinceaux et palette pour se saisir de ses matériaux à pleine mains, elle s'imaginait modeleuse des couleurs, et l'Ange et l'Enfant revinrent murmurer à ses oreilles. C'était leurs couleurs qui venaient, elle ne pensait à rien, tout venait naturellement, comme si c'était une toile qu'elle avait toujours vue et qu'elle aurait pu reproduire dans les moindres détails, les yeux fermés.
Elle ne vit pas le temps passer. Personne ne vint, ou du moins elle ne vit personne. Elle sentait de l'amour naître en elle pour cet endroit à l'ambiance si douce, elle l'appela le Jardin d'Hiver.
Prose de myel, le Mardi 27 Février 2007, 22:41 dans la rubrique "Jahe".

Commentaires :

Samorod
09-03-07 à 18:31

bon, cela fonctionne à nouveau on dirait (remarque qui s'applique à la possibilité de laisser des commentaires, mais aussi à ta manière d'écrire)


 
Pitseleh
24-03-07 à 12:42

A nouveau en train de créer des bulles remplies de souvenirs et de paysages. J'aime l'idée de se remémorer des sensations, des idées, comme une saveur agréable et oubliée, qui revient à nos papilles, sans que l'on sache pourquoi.

Je reviendrai. ;)