Marcher en regardant le ciel sans lune, sans étoiles. Ecouter les murmures autour de lui qui marche , il aime toutes ces choses banales que tant oublient.
Il y a aussi la pluie qui tombe sur son visage, si fine, parfois il s'abrite sous un balcon, une devanture de magasin. Et il sourit de voir pleurer le ciel de cette façon, on dirait des larmes de joie. Il y a sur une place des échoppes abandonnées, remplies de choses inutiles mais qui font briller les yeux, au milieu de cette petite ville abandonnée au centre de cette grande ville morte, il joue avec les guirlandes qui restent et grelottent dans l'air hivernale. Hivernale, mais si chaud.
Il tente d'attraper au vol quelques figurines en hauteur, mais juste pour rire, sans vraiment y croire, comme un enfant qui demande pour le plaisir de réclamer, sans rien désirer.
On sent le vin chaud dans toutes les rues piétonnes, et les quelques visiteurs de la belle endormie observent et s'émerveillent devant le marché qui survit.
Un manège tourne, à côté d'une cathédrale. Un piège pour attirer les enfants dans les griffes de la religion? Non, quand même pas, et puis, la mère Noël est musulmane, il le sait, il l'a vue voilée dans une boutique close. Alors le père aussi, non?
Donc le marché seait prêt d'une mosquée si il avait pour but d'attraper de la chair à prière. Enfin peut-être.
Il frissonne à l'idée de se retrouver en robe devant le calvaire, une de ces horribles sculptures aux personnages effrayant aux airs affamés.
Il entre quand même dans la cathédrale, juste pour voir, si jamais il y a un prêtre, il s'enfuira courra, hurlera, autant qu'il se serve de ses jambes tant qu'il les a.
Il allume une petite bougie, fait un voeu. Celui qu'il n'y ai plus de religieux? Non, il y a pensé, mais finalement, non, et puis, un voeu ça ne se dit pas, sinon aucune chance de le voir se réaliser un jour. La chance est déjà si faible au début. Euh non; en fait ça dépend du voeu.
Il passe dans une rue pleine de lumières, d'étoiles, comme si on avait déchiré un morceau de la toile céleste pour le mettre ici. Il ne dit pas non, ça illumine au moins.
Puis il regarde autour de lui. Il y a de l'eau, en dessous, un pont pour le soutenir. Et sinon, il est ou? Aucune idée.
Ah si, à Strasbourg, dans une rue, sur un pont, et que fait il?
Il marche. Jusqu'à ce qu'un mur l'oblige à rebrousser chemin.
Et il pleut toujours, la musique de l'eau rythme la journée qui se meurt, doucement, sans plainte, sans cri, heureuse.